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Etats de violence : essais sur la fin de la guerre

Auteur : Frédéric Gros

Un coup de coeur de Mollat

La guerre : "un conflit armé, public et juste" ?
Frédéric Gros interroge dans son dernier ouvrage nos sociétés contemporaines en tant qu'elles signeraient la fin de la guerre dans son acception classique - "un conflit armé, public et juste" - et seraient le théâtre d'états de violence. La guerre comme une certaine mise en forme de la violence laisserait le pas à l'âge de l'intervention et de la sécurité.

Bien plus qu'un problème de terminologie ou de définitions, le propos du philosophe est de rendre compte d'une mutation radicale des rapport à la morale, au droit et au politique au sein de nos cités. Cette mutation illustrée par l'ancrage des Etats dans la violence, se fonde sur un renversement du rapport à la mort. En effet, la caractéristique des conflits contemporains, précisément décrits par l'auteur, réside dans le fait que la mort ne s'y échange plus ; que ce soit au travers du terrorisme, des guerres dites "technologiques" ou bien encore dans l'action des bandes armées, elle devient unilatérale. La mort "se distribue, se sème, se calcule. La fin de l'échange aujourd'hui entraîne non pas le retour de l'archaïque mais plutôt une restructuration du rapport à la mort, de son accueil. Elle devient autre chose ; un risque professionnel, une équation mathématique, une condition d'être, une apothéose médiatique."

On comprend alors à quel point la question est grave : c'est en effet toute la stucture éthique, politique et juridique qui donnait à la guerre un certain cadre rationnel qui explose. Par là-même, la notion de paix se voit quelque peu ébranlée... Car la paix, jusque là horizon de la guerre semble laisser place à une aspiration d'un tout autre ordre faisant émerger le régne de la sécurité.
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Résumé

Traditionnellement, la guerre est conçue comme un conflit armé entre groupes, soutenu par une éthique, un objectif politique et un cadre juridique assez précis. Or ce concept de guerre échoue aujourd'hui à penser les nouvelles formes de violence : attentats, factions armées sillonnant des pays ravagés... La guerre et la paix tendent à laisser la place à l'intervention et à la sécurité. ©Electre 2024

La philosophie occidentale a longtemps pensé la guerre comme une mise en forme spécifique du chaos des forces. Elle l'a définie, dans une formulation fameuse, comme «conflit armé, public et juste», soutenu par une tension éthique (défense de l'honneur, courage, sens du sacrifice), un objectif politique (donner consistance à un État) et un cadre juridique (fonder le droit, défendre une juste cause, définir des règles de combat). Cette construction spéculative n'eut pas d'influence directe sur la réalité des carnages, elle n'en constitua pas moins un horizon régulateur qui servit à définir en Occident un droit de la guerre, des conventions internationales et un imaginaire spécifique. Or ce concept de guerre, stabilisé par des siècles de réflexion philosophique, échoue aujourd'hui à penser les nouvelles formes de violence : attentats terroristes, factions armées sillonnant des pays ravagés, envoi de missiles intelligents pour des conflits à «zéro mort».

La guerre et la paix tendent à disparaître, laissant place à l'intervention et à la sécurité. L'humanité serait entrée, depuis peu, dans ce que Frédéric Gros, par provision, appelle l'âge des «états de violence» : la fin de la guerre, ce n'est pas la fin des violences, mais leur reconfiguration selon des économies inédites.

Les états de violence transforment le rapport à la mort, ils imposent toujours plus la logique d'une destruction unilatérale de civils démunis, brisant un rapport ancestral d'égalité et d'échange. La guerre visait à défendre ou accroître une Cité, un Empire, un État ; voici que les états de violence s'adressent à la seule fragilité de l'individu, ramené à sa condition vulnérable de vivant. La guerre, enfin, avait été constituée comme violence justifiée ; les états de violence offrent, à travers leur médiatisation, le spectacle du malheur nu, le scandale de victimes dont la souffrance exhibée décourage d'avance toute reprise critique.

Cette radicale transformation exige de la philosophie qu'elle pense le présent, marque des ruptures, inspire de nouvelles vigilances, invente de nouvelles espérances.

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Fiche Technique

Paru le : 05/01/2006

Thématique : Textes des Philosophes

Auteur(s) : Auteur : Frédéric Gros

Éditeur(s) : Gallimard

Collection(s) : NRF Essais

Série(s) : Non précisé.

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782070774517

Reliure : Broché

Pages : 309

Hauteur: 21.0 cm / Largeur 14.0 cm


Épaisseur: 2.1 cm

Poids: 320 g