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Violences urbaines, violence sociale : genèse des nouvelles classes dangereuses

Auteur : Stéphane Beaud

Auteur : Michel Pialoux

Un coup de coeur de Mollat

Après le choc des photos, le poids des mots.

A Montbéliard, près de Sochaux, le 12 juillet 2000, une prise d'otage dégénère en émeute opposant les jeunes de la ZUP aux forces de police. En cette période de reprise économique, l'événementiel prend le pas sur le questionnement et la violence des jeunes de banlieue apparaît plus encore comme une fatalité, une caractéristique propre à cette population péri-urbaine.

Cette petite ville industrielle, les deux sociologues Stéphane Beaud et Michel Pialoux la connaissait pour y avoir mené une enquête depuis 1985 autour de la classe ouvrière (Retour sur la condition ouvrière; Fayard; 1999). Retournant sur leur terrain de recherche, ils éclairent crûment les raisons ou du moins le contexte social dans lequel naît cette révolte.

"En allant enquêter du côté des entreprises et du marché du travail, en étudiant le mode de vie de la "génération des précaires", nous avons pu observer un certain nombre de processus, certes moins spectaculaires, mais plus déterminants pour éclairer le phénomène des violences urbaines. De tels détours obligent à déplacer le regard vers ce qui échappe à la perception ordinaire de ces événements. Ils nous donnent aussi les moyens d'échapper aux débats piégés qu'imposent l'actualité sociale et l'agenda politique".

L'insécurité sociale dont Robert Castel dénonce de manière exemplaire les rouages implacables et les conséquences insidieuses dans son dernier ouvrage (L'insécurité sociale; Seuil; 2003) est vécue au quotidien par les habitants de ces quartiers : dialogues de sourds entre certains organismes sociaux et la réalité de jeunes peu diplômés, précarité des emplois entraînant même un phénomène d'immigration illégale, en Suisse notamment ; fragilisation du statut de l'employé dans un monde professionnel ou l'identité d'une classe ouvrière forte et solidaire est en ruine,...

Les témoignages d'Amina, Malik, Nadia et de tant d'autres sont autant de voix ténues qui ne méritent pas d'être tues; et il est à craindre que ce soit un dangereux manque de lucidité qui les relègue au rang de marginaux.
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Résumé

Revient sur l'émeute de Montbéliard du 12 juillet 2000 et montre que celle-ci est survenue, paradoxalement, alors que les usines Peugeot étaient en pleine croissance économique. Pense qu'elle est le résultat de la déstructuration des classes populaires, de la reprolétarisation de leurs fractions les plus dominées et dont la violence sociale, accumulée au temps du chômage, a éclaté ce jour-là. ©Electre 2024

De quoi est faite la violence urbaine qui surgit de manière récurrente à la périphérie des grandes villes de France? Qui sont vraiment les jeunes qui y participent? Par quel cheminement en viennent-ils à défier l'ordre public, les personnes et les biens?

Pour répondre à ces questions, les auteurs du désormais classique Retour sur la condition ouvrière (Fayard, 1999) ont appliqué leur méthode d'investigation à une émeute.

Une émeute urbaine survient le 12 juillet 2000 à Montbéliard, cette petite ville industrielle de l'Est de la France, le pays de l'empire Peugeot. Cette éruption de violence, à laquelle participent les jeunes de la ZUP, arrive dans un contexte de très forte reprise économique dans le bassin d'emploi: les automobiles Peugeot se vendent alors bien, la filière tout entière tourne à plein régime.

Pour éclairer ce paradoxe apparent (une émeute surgie alors que tous les clignotants passaient au vert), Stéphane Beaud et Michel Pialoux, qui connaissent remarquablement le terrain (ils y auront travaillé au total plus de dix ans), nous invitent à plonger avec eux dans l'épaisseur de l'histoire et à tourner le regard vers le monde du travail, afin de nous faire saisir la complexité du temps vécu (au-delà des statistiques et des images d'Épinal), toucher du doigt ce qu'a été la violence sociale accumulée au temps du chômage et de l'absolue précarité, prendre la mesure de la coupure intervenue entre les habitants des cités (c'est-à-dire les familles d'immigrés) et le reste de la société.

C'est alors que cet événement singulier, l'émeute dans la ZUP de Montbéliard ce 12 juillet 2000, se révèle dans sa validité exemplaire, comme le symptôme même de la destructuration des classes populaires, et plus exactement, comme le produit de la reprolétarisation de leurs fractions les plus dominées.

Où l'on comprend que les politiques sécuritaires qui nous sont aujourd'hui proposées passent à côté de l'essentiel: la fabrique sociale des émeutiers.

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Fiche Technique

Paru le : 01/10/2003

Thématique : Essais d'économie Sociologie et psychologie du travail

Auteur(s) : Auteur : Stéphane Beaud Auteur : Michel Pialoux

Éditeur(s) : Fayard

Collection(s) : Non précisé.

Série(s) : Non précisé.

ISBN : Non précisé.

EAN13 : 9782213614571

Reliure : Broché

Pages : 424

Hauteur: 24.0 cm / Largeur 16.0 cm


Épaisseur: 2.2 cm

Poids: 586 g