Un coup de coeur de Mollat
Les dérives intellectuelles, politiques, religieuses ou philosophiques ont souvent tendance à s'appuyer sur une doctrine : le siècle écoulé nous a rassasié de quelques unes de ses conséquences catastrophiques; nous avons appris à entrer de façon très critique dans l'étude des doctrines.
Entrez donc de plain-pied, et avec plaisir, dans La Doctrine, la doctrine française du droit : rien à voir
avec la définition du Robert ; ici la doctrine est une oeuvre collective, historique : la pensée juridique française actuelle s'appuie sur toute l'histoire du Droit, avant même les jurisconsultes, sur la réflexion collective de tous les maîtres à penser du Droit. Tout ceci constitue la Doctrine, on a envie de dire "Le Droit en soi", "Le Droit à l'état pur", "l'idée du Droit".
Ouvrage d'érudition, rigueur scientifique, on est
loin de la dérive doctrinale.
Dans un louable souci pédagogique, les auteurs présentent dans la deuxième partie le système de la "Common law" et en particulier celui des Etats-Unis, pays où les praticiens font et commentent la pensée juridique avec l'aide, de plus en plus pressante, des sciences humaines.
En France, rien de tel. Hormis le droit administratif, matière réservée aux conseillers d'états, les praticiens commentent peu la Doctrine, domaine des universitaires et des "savants".
Evidemment, l'originalité française se remarque dans le monde et explique, peut-être, certains malentendus juridiques sur la scène internationale.
Voilà un livre qui devrait être "Livre de vacances" de tout futur étudiant en Droit.