Un coup de coeur de Mollat
Rustre et entêté, il fuit le confort, le travail, la famille, se donne à la forêt tel H.D. Thoreau dans Walden ou la vie dans les bois.
Cet homme est violent : dès le début, la lame affutée de son couteau norvégien fracasse la tête d'un élan nous faisant craindre la suite du récit dont le héros serait une bestiale brute mal élevée. Et pourtant, il y a de l'humour et même de la tendresse chez ce Doppler là.
Avec pour compagnon un jeune élan, il accueille dans sa tanière son fils de quatre ans et des hommes comme lui, en mal de société. D'expériences malencontreuses en rebondissements inopinés - malgré des situations loufoques ou invraisemblables : tel ce combat acharné pour une plaque de Toblerone - l'ascétisme de Doppler se révèle une philosophie de la marge. Sa thèse principale est de ne plus s'appliquer à vivre pour plaire car l'application est addictive et il refuse de devenir un "applicatiano-dépendant".
Il décide donc de ne plus rien parfaire, choisit une vie nouvelle pour un homme nouveau dont l'émerveillement nait de la forêt protectrice. La forêt, c'est le fil conducteur de ce texte, le lieu hors du lieu où le véritable humanisme d'un homme peut enfin se révéler, car Doppler nous le dit :
"Alors qu'on ne peut en aucune manière faire confiance à la mer, à la montagne ou aux gens, on peut sans réserve déposer sa vie entre les mains de la forêt… La forêt comprend tout et contient tout."