Un coup de coeur de Mollat
Depuis l'épisode précédent (Adios Hemingway), l'ex-inspecteur qui a démissionné de la police, vit désormais du commerce des livres. A la recherche de livres anciens, il découvre une véritable manne : une extraordinaire bibliothèque que ses propriétaires, frère et soeur, sont prêts à revendre, pour pouvoir manger en retour. Car la misère à La Havane est le lot commun, et de crise en crise, la pauvreté endémique.
Dans un des livres de la fabuleuse bibliothèque - qui a appartenu à l'une des plus riches familles cubaines, les Montes de Oca - Mario tombe par hasard sur une vieille coupure de journal évoquant une chanteuse de boléro du nom de Violeta del Rio, disparue aussi brusquement qu'elle est devenue célèbre... Intrigué par son étrange destinée, il se lance dans une enquête interrogeant les brumes du passé, faisant revivre la vie nocturne à la Havane et son bouillonnement musical des années 58-60, où règnent le boléro, l'ivresse du chant et de la danse.
Mais la magnifique bibliothèque ne recèle pas seulement des trésors de l'édition cubaine, que Padura se plaît à décrire avec émerveillement, faisant rêver le lecteur qui partage avec lui l'amour des livres ; elle cache aussi de vénéneux secrets de famille, des histoires d'amour et de haine, qui remontent à la surface quand le frère est retrouvé assassiné au milieu des livres...
Quand on referme ce beau polar d'ambiance, on reste longtemps hanté par une entêtante musique sentimentale, aux accents dramatiques, celle des boléros aux paroles nostalgiques :
"Je serai dans ta vie, le meilleur
Des brumes du passé
Quand tu parviendras à m'oublier,
Comme le plus beau vers est celui
Dont on ne peut se souvenir...
Oui, maintenant... quitte-moi".