Un coup de coeur de Mollat
Pierre Jean Georges Cabanis, philosophe, médecin et homme politique de la fin du XVIIIE siècle, proteste déjà dans ce texte contre la peine de mort et ,paradoxalement, conteste les affirmations de certains médecins ayant prétendu que les condamnés éprouvaient encore des souffrances après la décapitation. Cet écrit lui donne alors, à l'époque, l'occasion de développer ses thèses matérialistes sur le lien entre vie psychique et vie physiologique. Son discours est de tolérer cet instrument d'exécution comme mal nécessaire au service de l'intérêt public plutôt q'un substitut plus douloureux.
Ce texte remarquable est suivi d'un autre, non moins éclairant, de Yannick Beaubatie "Les paradoxes de l'échafaud". L'homme replace la guillotine dans sa perspective historique, sociologique, politique et morale s'appuyant sur les textes de l'époque.
On apprend ainsi que l'invention du Docteur Guillotin répondait à une double mission : humanitaire, en épargnant au condamné les lenteurs et les maladresses du bourreau, et idéologique, en établissant une égalité sociale devant la mort.
Mission qui a quand même perduré jusqu'en 1977.
Ces textes, quelquefois très proches de l'anthropologie historique sur les manières "d'étêter l'humain", sont relevés par des lithographies très réalistes de Cueco et composé au plomb en Bodoni corps 12.
Ce qui fait de cet ouvrage un bel ouvrage comme devraient les concevoir plus souvent les éditeurs.