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Baudolino

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Publié le 21/02/2002
Il y a des parutions pas comme les autres, celle d'un roman d'Umberto Eco en fait partie. Le "petit" dernier, Baudolino, est en librairie...

Comment fait-il ? c'est la question. Il est partout ce bonhomme barbu !

C'est à croire que les italiens ont déjà réalisé le clonage humain !

Après Le Nom de la Rose, Le Pendule de Foucault, L'Ile du jour d'avant, voici le nouvel Eco : Baudolino .

Baudolino, c'est le héros,. Un "Sganarelle" classique : hâbleur, charmeur, menteur et roublard, qui réussit, après une rencontre mémorable, à embobiner Frédéric Barberousse. Il se fait adopter et, suivant son roi, le conseille, l'oriente et le manipule, c'est selon. Fait étrange, Baudolino le menteur se trompe rarement, ce qu'il invente finit d'ailleurs par se produire. C'est peut-être un des effets de cet Orient rêvé où se déroule une partie du roman. Par une de ces manipulations dont il a le secret, Baudolino convainc Frédéric d'entreprendre la troisième croisade qui lui sera fatale.

Le livre est un savant mélange des grands genres du roman classique. Picaresque, espionnage, romance et violence se partagent l'affiche avec un Baudolino omniprésent.

Autre domaine où Eco (ou bien ses éditeurs) est passé maître, c'est le marketing. Paru il y a quelques mois en Italie, le livre y était déjà annoncé comme l'égal du Nom de la Rose. Il est vrai que le Pendule... et L'Ile..., tout best-sellers qu'ils soient, n'ont pas connu un succès aussi gigantesque que le roman médiéval du sémioticien italien. Il est d'ailleurs étrange qu'un tel livre ait pu trouver un public aussi large : comment imaginer qu'un roman traitant de la quête d'un manuscrit perdu d'Aristote en pleine guerre des ordres monacaux allait se vendre à des centaines de milliers d'exemplaires, être adapté au cinéma et y connaître un triomphe qui propulserait les chiffres de ventes à des hauteurs stratosphériques ?

Quoi qu'il en soit, c'est bien ces résultats que visent Eco et ses éditeurs*. L'ouvrage semble plus conforme aux critères recherchés par les agents littéraires en quête de scénarios à vendre : le contexte historique est simple à appréhender, les rebondissements nombreux, le burlesque fréquent et l'aventure se mêle joliment à une histoire d'amour digne des anthologies. Jean-Jacques Annaud a déjà du sortir son chéquier.

Grasset, l'éditeur français de tous les romans d'Umberto Eco, ne s'y est pas trompé puisqu'il consacre un mini-site au lancement du pavé transalpin.

Au delà de ces considérations, il reste que les romans d'Eco savent toujours réjouir, instruire et ravir leurs lecteurs, et ce n'est pas parce que les marchands manoeuvrent dans notre dos qu'on va se priver de ces plaisirs !

(*) C'est peut-être le plus beau coup éditorial de l'année pour les éditions Grasset, mais n'allez pas croire que le lecteur soit traité par dessus la jambe. C'est Jean-Noël Schifano, une référence, qui s'est attelé à la traduction de l'italien, grâce lui en soit rendue.