Beaucoup d'appelés, peu d'élus, comme d'habitude. Enfin,
beaucoup d'appelés… Un peu moins que l'an passé puisqu'il se publiera cette
année « seulement » 659 romans entre le 13 août et la fin du mois
d'octobre, soit 2,5% de moins qu'en 2008. Les raisons de ce recul ? La crise,
bien sûr, qui fait craindre aux éditeurs qu'un trop grand afflux de nouveautés
n'effraye le lecteur. Et crise aidant, les gestionnaires avisés limitent les
risques. Pour preuve, ce recul concerne essentiellement les romans français. La
littérature étrangère, elle, se porte plutôt bien puisque ce secteur verra son
nombre de nouveautés augmenter par rapport à l'an passé. En effet, l'essentiel
de ces romans étrangers publiés dans une traduction française ont connu le
succès public dans leur langue d'origine, succès propre à rassurer l'éditeur
inquiet… et son comptable.
Nous ne nous plaindrons pas de ces chiffres à la baisse qui
nous laisseront davantage de place pour présenter nos élus et vos favoris. Des
noms ? En voici. Fin août Grasset publiera le second opus de la révélation
espagnole Carlos Ruiz Zafon. L'empreinte de l'ange, gros roman haletant,
promènera son lecteur dans la Barcelone des années 20. On y retrouvera les
thèmes favoris de l'auteur : Faust, le cinéma muet, la
magie des livres, le grandguignol et l'auto-ironie mordante, digne de L'ombre du vent qui a
connu un succès mondial. Ensuite ? Toussaint, Jean-Philippe, publiera sous
l'étoile Minuit La vérité sur Marie, qui, sans être une suite, se place dans la
continuité de Fuir, son précédent roman. Au programme, Japon, chevaux de
course, Ile d'Elbe, crique cardiaque et, bien sûr, Marie.
Laurent Mauvignier, sous la même casaque blanche à liseré
bleu, publiera le successeur de son très impressionnant Dans la foule. Des hommes
reviendra sur la guerre d'Algérie et ses blessures scellées.
Fredéric Beigbeder (photo) est attendu au tournant, tant par ses
fans que par ses détracteurs. Un roman français, devrait enchanter les premiers et
surprendre les autres, mettant enfin le talent de son auteur au service du
roman. Parmi les stars, on voit aussi poindre le toupet de Patrick Poivre
d'Arvor qui, en retraite de prime time, s'offre un retour au roman avec
Fragments d'une femme perdue. Retrouvée en revanche est Claire Wiazemsky, née
Mauriac. Anne sa fille, devenue romancière à succès, écrit dans Mon enfant de Berlin, le roman de ses
origines, contant la rencontre de ses parents dans le Berlin de l'après-guerre.
Trois femmes
puissantes, de Marie NDiaye, paraîtra le 20 août chez Gallimard. Trois
femmes pour trois récits du combat interminable et quotidien pour la dignité
par l'auteure de Rosie Carpe et d'Autoportrait en vert.
Bella Ciao est le récit de la première cure de
désintoxication picaresque de l'histoire littéraire. Comme il est signé Eric Holder, on peut s'attendre
au pire, donc au meilleur. C'est au Seuil que ça se passe, le 20 août.
Enfin, parmi les paris de cette rentrée, Delphine de Vigan
figure en bonne place aves ses Heures souterraines, publiées par Lattès. L'éditeur
y croit, le représentant de l'éditeur y croit, les libraires y croient… Il ne
reste plus qu'à vous convaincre !
Pour finir ce petit tour d'horizon, partial et partiel, des
premiers jours de cette rentrée, une petite indiscrétion. Il se murmure dans
les couloirs de la librairie, qu'Anna Gavalda publierait un texte aux bons soins
du Dilettante au mois de novembre. Un titre ? L'Echappée belle… Mais c'est un secret, je ne vous ai rien dit.
A suivre…
PS. Vous pourrez suivre le feuilleton de cette rentrée en suivant le blog des libraires, Ces mots-là, c'est Mollat, ou ils tiennent la chronique quotidienne de leurs lectures.
Image : © Olivier Roller