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Goncourt, Renaudot, l'année des premières fois.

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Publié le 08/11/2004
Actes Sud emporte son premier Goncourt avec le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé et le Renaudot va pour la première fois à un auteur disparu : Irène Némirovsky, pour Suite française.

Le scandale parfois a du bon. Après les esclandres de l'année passée dénonçant la mainmise des Galligrasseuil (les maisons d'édition Gallimard, Grasset et le Seuil) accusés de monopoliser les grands prix littéraires, Actes Sud s'est enfin vu récompensé par un prix majeur, et non le moindre, puisque ce n'est rien d'autre que le prix Goncourt qui a couronné cette année l'un des espoirs de la maison arlésienne, Laurent Gaudé (photo ci-dessous) et son Soleil des Scorta. Ce dramaturge confirmé a publié trois romans dont les deux derniers ont connus un beau succès public. C'est d'ailleurs l'absence de touts les palmarès de son dernier opus, La mort du roi Tsongor, qui avait déclenché l'an passé les foudres d'Hubert Nyssen, fondateur de la prestigieuse maison d'édition. Pour Actes Sud c'est une consécration, un bâton de maréchal. Le succès critique et public de ses découvertes méritait depuis longtemps une pluie de prix. Juges-en plutôt : Paul Auster, Nina Berberova, Nancy Huston, Alice Ferney, Don DeLillo, Imre Kertez (Prix Nobel) sont depuis longtemps au catalogue et bon nombre d'entre eux ont été découverts par Hubert Nyssen et sa fille François qui a depuis repris les rênes de l'entreprise. Les plus chagrins n'y verront pas une consécration mais bien la réparation d'une criante injustice.

Et ce roman alors ? Récit d'une saga familiale pathétique et obstinée dans l'échec, Le soleil des Scorta nous dit, par la bouche d'une aïeule, les cinq générations de Scorta, nés du malheur, élevées dans la misère et pourtant accrochés plus fort à la vie qu'un lierre aux vieux murs de la ville imaginaire de Montepuccio où se déroule le roman.

Le Goncourt des lycéens va à Philippe Grimbert pour Un secret.

L'auteur du prix Renaudot de cette année ne pourra pas, elle, se réjouir de sa fortune : elle est morte en 1942, à Auschwitz. Irêne Némirovsky (photo de haut),  juive émigrée d'Ukraine, amie de Kessel et de Jean Cocteau, qui avait, avant guerre, connu le succès littéraire avec un roman, David Golder, avait tenu la chronique de l'exode de 1940 dans des carnets avant d'être arrêtée et déportée. On doit à sa fille, Denise Epstein, la publication de Suite française,  roman de la drôle de guerre et de la débâcle. Paru cet automne, le livre à rencontré un grand succès critique et commercial puisque les droits de traduction ont été vendus dans un grand nombre de pays. Le succès public s'annonçait, nul doute que ce prix Renaudot fera connaître l'ouvrage à un bien plus large public. La révélation de l'année peut être ? On le souhaite.

Enfin, Evelyne Bloch-Dano, que nous recevions il y a peu, a remporté le Renaudot des essais pour son Madame Proust de belle tenue.

 

Laurent Gaudé
Laurent Gaudé (photo : AFP)