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Le dernier K.O. de Norman Mailer

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Publié le 11/11/2007
New-Yorkais, gouailleur, grande gueule, buveur, fumeur, boxeur et séducteur, Norman Mailer aura tout de même vécu jusqu'à 84 ans.
Né dans le New-Jersey et élevé à Brooklyn dans l'entre-deux-guerres, élève et étudiant brillant - il obtiendra un diplôme d'ingénieur en aéronautique à Harvard, Norman Mailer s'est fait connaître grâce à un roman coup de poing, Les nus et les morts, qu'il publiera en 1948, au retour de terribles années de guerre dans le Pacifique.

Abandonnant bientôt l'aéronautique pour l'écriture, le jeune auteur et déjà star – aux Etats-Unis plus qu'ailleurs, il semble qu'un ego surdimensionné ne nuise pas à une carrière dans les Belles-Lettres - publie tout au long des années 50 et 60 une série d'ouvrages qui feront sa légende. Outre l'inoubliable Les Nus et les Morts, on retiendra Un rêve américain et Pourquoi sommes-nous au Vietnam ?, deux livres lucides et vengeurs, qui, au sortir des années soixante, annonçaient les mouvements de société à venir. Il remportera également deux fois le légendaire Prix Pulitzer, la première grâce aux Armées de la nuit en 1969, la seconde onze ans plus tard.

Mais la légende Mailer, si elle est faite d'encre, est aussi modelée de bruit, d'imprécations, de luttes (Truman Capote, Gore Vidal et ses cinq premières épouses furent ses adversaires) personnelles et politiques – guerre du Viêt-Nam, candidature à la mairie de New-York, droits des minorités, peine de mort ont été ses cibles favorites – et de sang : il avait une passion pour la boxe qu'il pratiquait en bon amateur (ici aussi, il se surestimait quelque peu). Les années 80 l'avaient vu revenir au meilleur de sa forme avec un poignant Chant du Bourreau, récit de l'exécution du condamné à mort Gary Gilmore qui lui vaudra son second prix Pulitzer. Suivront bien d'autres livres, plus dispensables.

Il s'intéressera également au cinéma en produisant cinq films, dont quatre navets. On regardera toutefois avec une certaine attention Les vrais durs ne dansent pas, qu'il a réalisé, beau portrait d'un écrivain aux prises avec une image paternelle envahissante.

C'est donc une des grandes figures de la littérature moderne, talentueuse, engagée, provocante et habile publicitaire de soi qui s'est éteinte samedi à New-York, d'une insuffisance rénale. Plus que témoin de son siècle, il a prouvé qu'un écrivain pouvait en être l'acteur, pour le bien de tous et sa propre gloire.