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Le jeu de l'ange

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Publié le 18/09/2009
Après le triomphe de L'ombre du vent, son premier roman, Carlos Ruiz Zafon avait tout à perdre. Il publie pourtant une merveille, étrange décalque de son précédent livre : Le jeu de l'ange... A paraître le 20 août.
Son premier roman, L'ombre du vent, fut pour nous une divine surprise. La Barcelone crépusculaire de l'après guerre civile espagnole se prêtait merveilleusement à accueillir le conte fou de l'auteur catalan. L'audace de la construction, le style, hyperbolique, bateleur jusqu'au Grand-Guignol et, surtout, cette indécrottable foi de l'auteur en sa puissance romanesque étaient les ingrédients d'une réussite littéraire unanimement saluée, tant par la critique que par le public qui fit un triomphe à cet imposant roman.

Cinq ans plus tard, Zafon nous revient avec un nouveau livre, Le jeu de l'ange. Dans cette même Barcelone, mais trente ans plus tôt, dans ces mêmes quartiers, dans ces mêmes rues pluvieuses aux cieux tourmentés d'une Catalogne éternellement hivernale, il emmène son lecteur sur les traces d'un jeune journaliste, devenu auteur de romans à suspense, qui se voit confier une curieuse tâche par un très curieux éditeur : écrire le livre fondateur d'une nouvelle religion. Acceptant avec réticence ce marché faustien, notre héros et narrateur va sombrer dans un maelström halluciné où vont se mêler littérature et morts violentes.

Zafon aime Borges. Cela se voit, cela se lit. Outre le Cimetière des livres oubliés, lieu essentiel et piranésien de L'ombre du vent que nous visitons à nouveau dans le jeu de l'ange et duquel le héros va tirer un bien sombre Vade-mecum pour l'enfer, l'écrivain se plaît à tisser une curieuse toile où se lient de fausses références livresques, de curieux trompe l'œil, de complices appels du pied aux lecteurs de son premier opus. Il aime aussi, comme Borges, les longs romans psychologiques de William Wilkie Collins et on trouvera donc sans surprise le récit habité par les mêmes jeunes filles diaphanes et sans défense. Outre cette prestigieuse littérature, Zafon goûte également les romans à deux sous qui se publiaient alors. Contes gothiques, récits à tiroirs, enquêtes de détectives intrépides et romances sentimentales nourrissaient alors de nombreux éditeurs à la diffusion locale rêvant d'une gloire nationale qui ne viendrait hélas jamais. Ainsi est le héros du jeu de l'ange, écrivain doué mais sans entregent, sinon son riche protecteur dont il deviendra secrètement le nègre, alter ego de celui qu'aurait pu devenir Carlos Ruiz Zafon s'il n'avait pas rencontré le succès.

Devenu riche, célèbre. Scénariste à Hollywood. Carlos Ruiz Zafon n'a visiblement rien perdu de son imagination, ni de sa verve. Il a même gagné ce petit rien de profondeur qui, une fois le roman refermé, en plus de nous laisser rêveur, nous aussi laissé pensif…