Vacances et
rentrée littéraire
Voici donc un curieux métier
où l'on part en vacances quand le client a besoin de vous et où l'on prépare sa
rentrée quand le client n'a plus le temps. Les éditeurs sont ainsi faits – ou
défaits- qu'ils accordent plus d'attention à une rentrée littéraire où se jouent
les réputations qu'à l'été où se font les chiffres d'affaire.
663
La rentrée, chaque année, c'est un chiffre.
Le cru 2005 : 663. C'est le nombre de romans mis sur le
marché entre la fin du mois d'août et celle de septembre. La star de
l'année c'estLa possibilité
d'une île
, de Michel Houellebecq. C'est le livre des records. On
parle d'un premier tirage à 250 000
exemplaires, d'une avance sur droits d'un
million d'euros. C'est aussi un livre laboratoire puisque le contrat concerne
pour la première fois tous les médias. En effet, Fayard, pour séduire
Houellebecq, a mis les petits plats dans les grands et s'est engagé, via sa
maison mère Hachette et ses filiales cinéma et télévision, à produire les films
dérivés des livres à venir. C'est une première en France. Mais il n'y a pas que
Houellebecq dans le paysage littéraire français. A venir également les nouveaux
Jean d'Ormesson, Alexandre Jardin, Lydie Salvayre, Marie Darrieussecq,
Jean-Philippe Toussaint, Maurice G. Dantec, etc. Tradition française oblige, le
lecteur trouvera son lot de confessions intimes, récits des origines et
règlements de comptes familiaux. Tradition française oblige toujours, il y aura
de bonnes surprises. On en reparle.
Une star méconnue.
Un monument des lettres s'efface. Sa
fréquentation était réservée à de très
fortunés amateurs. Mais à 90 ans, alors qu'il se décide à quitter la
scène, le rideau se lève sur Pierre Berès
, le plus
célèbre des librairies d'ancien français. Il a possédé le manuscrit du
Voyage au bout de la nuit, de Céline et celui des
Illuminations ; Une saison en Enfer avec un envoi de Rimbaud à Verlaine, un exemplaire de la
Charteuse de Parme annoté par Marcel Proust... Le tout étant conservé
dans son appartement, à portée de main. Bordeaux lui doit beaucoup puisque c'est
grâce à lui que les fonds de la Bibliothèque de Bordeaux possèdent un exemplaire
du Livre de raison
, annoté de la main de Montaigne. La petite histoire raconte qu'en
1951, le jeune Jacques Chaban-Delmas, maire de Bordeaux, lui confia pour son acquisition
dans une vente New-Yorkaise, la somme de 1500 dollars. Bien insuffisante
puisque Pierre Berès en déboursa vingt mille de plus pour emporter l'affaire –
fierté oblige. C'est un riche mécène qui prit la différence à sa
charge.
Pierre Berès est aujourd'hui un vieil homme qui se sépare de son fonds. Il vend aux enchères, lot par lot, ce qui fit sa fortune. Clin d'œil ou ironie, c'est d'abord son outil de travail qui part à l'encan, puisque la première vente concerne son fonds bibliographique. Catalogues anciens, ouvrages d'érudition bibliophilique, traités d'histoire littéraire, cotes de bibliothèques célèbres sont dispersés en ce début d'été. Suivront les éditions rares, les manuscrits, les lettres autographes... Le tout nous menant jusqu'en 2006. Nul doute que le plus célèbre librairie de France nous a encore une fois réservé quelques surprises. Gardons l'œil ouvert ! [ en savoir plus ]
Encore ?
On n'en aura jamais fini ! Après le livre,
les livres-sur-le-livre, la suite-du-livre et les
livres-sur-la-suite-du-livre,
voici le film. Ron Howard (mais si, vous savez bien, Richie dans la série Happy
Days !) réalise en ce moment la partie parisienne de l'adaptation
cinématographique du Da Vinci Code. Tom Hanks interprète le rôle principal et
c'est Audrey Tautou (so french !) qui jouera la jolie Sophie. On y retrouvera
également Jean Reno en détective. Date de sortie du film en France : le 17 mai
2006. Et il y a déjà un site web
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