Publié le 01/08/2011
L'écrivaine hongroise, exilée en Suisse, est décédée ce mercredi à l'âge de 75 ans
Hommage à Agota Kristof et à son œuvre.
En 1986 les éditions du Seuil publiaient en France son premier livre Le
Grand cahier (comme le temps passe !...) ; sa lecture avait été une onde
de choc - votre libraire s'en souvient encore. L'histoire mettait en
scène deux enfants perdus dans la guerre, confrontés à la violence et à
la difficulté de survivre. L'écriture sèche de l'auteur, simple et
percutante, rendait d'autant plus la cruauté du propos, dénué de
psychologie et de sentiments. Ce premier volume augurait 'une trilogie
(appelée plus tard «La trilogie des jumeaux» ou encore « La trilogie de
la ville de K ».) On retrouve les deux enfants, Klaus et Lucas, frères
jumeaux donc, qui ont grandi dans La preuve puis Le Troisième mensonge.
C'est l'œuvre phare de l'auteur, que l'on peut trouver soit titre à
titre dans la collection de poche Points, soit dans un beau volume relié
hors série Seuil regroupant les trois tomes au prix de 29, 70 euros, ou
encore dans la compilation parue en mars dernier chez Opus, qui outre
l'œuvre romanesque comprend l'intégrale des nouvelles et des pièces de
théâtre, soit plus de mille pages pour 30 euros.
Il y a de la fable chez Agota Kristof, de la tragédie, un sens
de l'absurde et de la dérision qui l'ont fait comparer à Thomas Bernhard
et à Samuel Beckett. Votre libraire n'a pu s'empêcher de penser à Franz
Kafka…
Agota Kristof a puisé à la source de sa singulière expérience
autobiographique la matière de ses fictions. On comprend mieux ses
thèmes récurrents : dureté, exil, étrangeté, solitude, quand on connaît
son histoire personnelle. Son éditeur nous la résume sur une quatrième
de couverture : « Une nuit de 1956, Agota Kristof, alors âgée de 21 ans,
s'enfuit de Hongrie, un nourrisson dans les bras, comme deux cent mille
de ses compatriotes… Le convoi la dépose à Neuchâtel, où des agents
recruteurs font le tri de la main-d'œuvre pour les usines d'horlogerie.
Sa vie va ressembler désormais à celle de Sandor Lester, le personnage
du roman Hier : monter dans le bus, pointer à la fabrique. Pour apprendre le français, elle s'impose de petits exercices d'imagination. Le défi d'une analphabète, dit-elle. Et aussi : C'est en devenant rien du tout qu'on peut devenir écrivain. »