Soulignant avec justesse les limites de la représentation de nos intérêts, les auteurs plaident pour la mise en place d'une représentation plus poussée des Organisations non Gouvernementales Environnementales, et sur la possibilité, pour les citoyens, de participer plus activement dans les processus de gouvernance écologique : « les futures démocraties devront concilier les droits et les devoirs de l'individu et l'impératif suprême de la survie de l'espèce » affirment-ils...
Dépasser l'économisme
Pour Eloi Laurent, auteur de Social-Ecologie aux éditions Flammarion, il est temps de dépasser l'économisme et d'intégrer pleinement dans les analyses la question de la soutenabilité : « refonder l'économie, ce serait mettre au centre de la réflexion la dynamique social-écologique, c'est-à-dire la projection dans le temps de nos systèmes économiques et sociaux sous la contrainte physique des « limites planétaires » pour en déduire des politiques publiques soutenables que nous devrions aujourd'hui mettre en œuvre dans une perspective de long terme ».
Là aussi l'économiste en appelle à l'intégration du temps long et à la prise en compte de la liberté des générations futures. Pour lui, il est nécessaire d'accroître la justice sociale, conçue non pas dans un esprit « communautariste » mais bien plutôt « cosmopolite » (global) : pour cela, l'articulation entre systèmes sociaux et systèmes naturels doit être anticipée pour reprendre à cette fin les fondamentaux de l'histoire de l'environnement, de l'économie écologique et de l'écologie sociale. Seule cette démarche permet de réfléchir convenablement au cœur du problème, à savoir la question des liens entre qualité démocratique et qualité écologique et de démêler les liens entre inégalités et soutenabilité.
Pour une raison écologique
C'est alors que vous aurez plaisir à vous plonger dans le dernier livre du socio-économiste Bernard Perret, Pour une raison écologique (Flammarion), qui s'intéresse concrètement aux conditions sociales de la transition vers un nouveau modèle de développement. On quitte alors le terrain de l'économie politique pour s'aventurer sur ceux de la philosophie et de la spiritualité. La question du rapport au temps se pose ici aussi, tel un fil rouge structurant le cadre de rationalité collective dans lequel nous pourrons concevoir un monde vivable pour nos descendants.
Changer de paradigme nous demande aujourd'hui de passer d'une raison à l'autre, de privilégier l'écologie à l'économie, et d'anticiper au mieux les paramètres de la rationalité de demain. Pour cela, il est essentiel de se pencher sur le droit des générations futures, sur la façon dont nous pouvons renouveler notre lien à la Nature, détourner les logiques capitalistes, démarchandiser les besoins, reconsidérer notre appréciation des richesses, cultiver l'intelligence écologique, cette compréhension globale des réseaux d'interdépendance au sein desquels s'épanouit la vie humaine… Car oui, n'en doutez plus : si l'écologie est un savoir, c'est aussi une manière d'appréhender la réalité et de renouveler nos schémas de pensée ! A bon entendeur…
Anne-Sophie Novel pour Écolo Info