En France, quoique de manière plus diffuse, la littérature se fait également le réceptacle de cette Grande Dépression qui constitue la toile de fond de certains romans, participant en partie de l'échec des personnages mis en scène. Le choix de certains romanciers comme Maurice Denuzière est de peindre une fresque historique (entre 1929 et 1945) qui se déroule en Amérique pendant ces années noires : son cinquième tome L'Adieu au Sud rend compte de manière très réaliste de la désagrégation des valeurs sudistes et donc de la "fin d'un monde" ressentie par des Louisianais qui tentent une survie entre d'un côté les ruines essuyées, les émeutes qui s'en suivent, un climat politique dictatorial et, d'un autre côté, sont les témoins d'une société en pleine mutation. Mais avec Denuzière, l'histoire a déjà pu faire le tri et observer des parcours.
La Proie et Le pion sur l'échiquier de la romancière Irène Némirovsky redécouverte cinquante après sa mort avec son Prix Fémina posthume examinent les conséquences de ce climat délétère : la crise fait alors écho aux difficultés intimes des personnages, qu'elles soient directement socio-économiques et matérielles (montée du chômage, faillites) et familiales (parents hostiles au cheminement du fils).
Le mensonge de la fiction et/ou ses contours semi-autobiographiques constituent aussi un précieux ferment pour parler de façon détournée de ce climat poisseux. On pense au génial Mort à crédit de Louis-Ferdinand Céline paru en 1936 qui se passe pendant la Première Guerre mais porte largement le sceau des échecs personnels et professionnels des parents du narrateur célinien par excellence, Ferdinand Bardamu.
Le théâtre s'est également emparé à sa façon des conséquences de la crise mais illustrées dans le registre comique: comme son titre l'indique Les Temps difficiles d'Edouard Bourdet est une pièce des lendemains du krach boursier qui touche de manière satirique les Antonin-Faure. Prêts à tout pour éviter la faillite, y compris à marier la nièce de la famille à un monstre de laideur et de perversité, cette oeuvre s'inscrit dans la lignée du théâtre de boulevard en se servant de ce levier a priori tragique comme "catharsis" des passions les plus (in)humaines, notamment l'argent qui demeure le sujet phare inspirant la littérature en ces temps sombres et qui fait retenir à un membre de cette dynastie une leçon bien peu amère: «L'argent, c'est comme les femmes : pour le garder, il faut s'en occuper un peu ou alors... il va faire le bonheur de quelqu'un d'autre.»