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Épiphanie et roi d'un jour

Publié le 12/01/2012
Le premier dimanche de l'année suivant le jour de l'An, nous fêtons l'Épiphanie et c'est l'occasion de partager la galette des rois et d'élire roi ou reine celui ou celle qui a découvert la fève dans sa part de gâteau...
Il s'agit d'une très ancienne coutume qui remonte au Moyen-âge et fait suite à Noël et célèbre l'adoration des mages devant l'Enfant Jésus. Les mages étudiaient le ciel et les astres et c'est aussi pour cela que la commémoration de cet évènement fut nommée Épiphanie qui vient d'un mot grec signifiant apparition, manifestation. L'apparition d'une étoile nouvelle avait pour ces mages une signification très particulière et ils la suivirent pour connaitre ce qu'elle devait leur apprendre.

“De bon matin, j'ai rencontré le train de trois grands rois qui partaient en voyage…
Dans l'Arlésienne de Bizet, il est fait écho à la quête des rois mages, venus de l'Orient et avertis d'un évènement exceptionnel - la naissance du roi des Juifs -, par une étoile qu'ils ont suivie et qui les a menés en Palestine. Ces trois personnages Balthazar, Gaspard et Melchior étaient des mages c'est-à-dire des prêtres et astrologues perses. Ils avaient repéré dans le ciel une étoile à huit branches que l'on nomma par la suite Étoile de Bethléem qui était apparue et décidèrent de la suivre, pensant qu'elle annonçait la naissance d'un messie que Zoroastre avait annoncé. Ils furent nommés rois beaucoup plus tard par les pères de l'Église en se basant sur le Psaume 72 intitulé « Le règne du roi Messie » : « Les rois de Chéba et de Seba offriront des présents, tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront. »

Ils se mirent donc en route, l'étoile les guida jusqu'en Palestine, où les mages se sont enquis du lieu de naissance de cet enfant auprès d'Hérode qui réunit les autorités religieuses. Ils lui répondirent que l'enfant était né à Bethléem selon les prophéties. L'étoile guida les mages jusqu'à l'endroit précis où étaient Marie, Joseph et l'enfant Jésus. « Et entrés dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et tombèrent, prosternés devant lui. Et, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en dons de l'or, de l'encens et de la myrrhe » (Matthieu, 2, 11-13).

Jacques de Voragine dans la Légende Dorée les décrit ainsi : « Le premier roi mage s'appelait Melchior, c'était un vieillard à barbe blanche, à la longue barbe. Il offrit l'or au seigneur comme à son roi, l'or signifiant la royauté du Christ. Le second, nommé gaspard, jeune, sans barbe, rouge de couleur, offrit à Jésus dans l'encens, l'hommage à sa divinité. Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s'appelait Balthazar ; la myrrhe qui était entre ses mains rappelait que le fils devait mourir. » Et c'est ainsi que les mages seront immortalisés par les santonniers et décrit dans la Pastorale des santons de Provence.

La fête de l'Épiphanie célèbre l'hommage des rois. Et qui dit fête dit partage de nourriture. Pour l'Épiphanie, très vite la coutume fut d'offrir et de partager une galette. Coutume qui est une extension du partage du pain puisque, à l'origine cette galette est un pain brioché. Dans ce gâteau, on cachait une fève et celui qui la trouvait était le roi et ceignait pour la journée la couronne qui marquait son éphémère royauté. Pourquoi une fève ? Elle était, avec le haricot, l'aliment essentiel dès le néolithique dans les pays méditerranéens et ensuite un aliment symbolique dans l'antiquité qui servit d'abord de jeton de vote, puis à élire le roi du festin à Rome durant les Saturnales. La fève est censée porter chance à celui qui la trouve et est désigné comme le roi de la fête. Ce fut très vite une fête très populaire que de nombreux peintres, en particulier des peintres de l'école flamande, ont souvent représentée. La fève est remplacée maintenant par des petits sujets de céramique, mais le nom est resté.

La fève de la galette des rois permet l'élection populaire d'un roi désigné par hasard puisque le plus jeune de l'assemblée, caché sous la table, distribue à l'aveugle les parts qui sont attribuées aux convives. Il était de tradition de couper une part supplémentaire appelée la part de Dieu ou la part du pauvre. Part offerte soit au premier visiteur inattendu qui se présente, soit au premier pauvre rencontré.

Cette tradition est la transposition de la reconnaissance d'un roi à la manière des mages et son extension vers une tradition populaire de transgression, coutumes qui furent courantes dès l'Antiquité.

Ségolène Lefèvre pour mollat.com


Illustration : La fête des rois de Jacob Joardens

Bibliographie