Chargement...
Chargement...

Fernand Pouillon : une vie d'aventures et d'architecture

Une actualité de David Raiffé
Publié le 06/06/2019
A l'occasion de la réédition de ses Mémoires et une exposition aux Rencontres de la photographie d'Arles sur ses réalisations en Algérie, nous vous proposons ce dossier sur cet architecte à la vie tumultueuse et romanesque.
Architecte et urbaniste français, Fernand Pouillon (1912-1986) fut l’un des grands bâtisseurs de la reconstruction d'après-guerre. Privilégiant la pierre, on lui doit de nombreux bâtiments à Marseille, en région parisienne ainsi qu'en Iran et en Algérie. Architecte innovant et visionnaire, soucieux du rôle social de l'architecture et de l'amélioration des conditions de vie des hommes, il parvint à construire dans l'urgence des logements beaux et confortables pour les plus démunis. Ses réalisations sont toujours habitées aujourd'hui, que ce soit les logements du vieux port de Marseille ou la cité monumentale « Climat de France » à Alger. Talentueux et ambitieux, raflant de nombreux marchés, Fernand Pouillon mû par une grande soif de réussite connaîtra une ascension sociale fulgurante. Mais sa désinvolture vis a vis des gens du métier, sa réussite insolente, des collaborations hasardeuses lui vaudront des inimitiés et le mèneront dans les années 60 avec « l'affaire du CNL" ,à la ruine, à la prison, à la radiation de l’ordre des architectes. (Ses aventures malheureuses avec la justice française et son procès (1961-1965) sont l’objet de l' enquête minutieuse de l’historien Bernard Marrey dans " Fernand Pouillon, l’homme à abattre"). C'est pendant son séjour en prison qu'il écrira "les pierres sauvages". Fiction relatant la construction de l’abbaye du Thoronet où son talent d’écriture sera gratifié du prix des Deux-Magots en 1965. Après cet échec personnel et professionnel et une santé mise à rude épreuve, il exercera à nouveau son talent en Algérie tout juste indépendante. Amnistié en 1971 il connaîtra une réhabilitation, François Mitterrand lui remettant la Légion d’Honneur en 1985 un an avant sa mort.
Sa vie romanesque, Fernand Pouillon la met sur papier quelques temps après son procès en 1968 dans « Mémoires d’un architecte. » 50 ans plus tard ce récit introspectif passionnant et poignant se lit comme un roman d’aventure. C’est un témoignage détaillé des acteurs et des rouages du milieu politique et des affaires dans cette période de reconstruction de l’après seconde guerre mondiale. C’est également le plaidoyer lucide et sincère d’un homme conscient de son talent et de ses responsabilités dans une vie faite d’excès : ambition folle, acharnement au travail, vie sentimentale mouvementée. Ce récit émouvant, palpitant, magistralement écrit, ponctué de réflexions clairvoyantes sur l'architecture et la vie est entre autres marqué par les passages évoquant son évasion et le vécu dans le corps et l'esprit d'un homme qui connaît la prison. Son œuvre architecturale est à redécouvrir ainsi que cette oeuvre littéraire à lire et relire...

Fernand Pouillon à Alger (1967)

Fernand Pouillon par lui-même

Les pierres sauvages

Monographies

Essais sur Fernand Pouillon