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Lichtenberg : la philosophie à coup de foudre

Un dossier de Guillaume D.
Publié le 31/07/2025
Qui a osé proposer aux enchères « Un couteau sans lame, dont le manche est manquant. » Alphonse Allais ? Marcel Duchamp ? Raymond Queneau ? Découvrez Lichtenberg, le philosophe sans concepts... dont on a oublié le nom.
Les bouddhistes zen estiment qu’un coup de bâton sur la tête peut suffire à provoquer le satori, l’éveil spirituel. On pourrait dire la même chose des aphorismes de Lichtenberg — philosophe largement méconnu de nos jours, qui occupa pourtant une place de choix parmi les penseurs des Lumières —. Ses traits d'esprit, ses éclairs d'intelligence et son humour acerbe agissent comme de petits électrochocs pour nous surprendre, suspendre un instant notre jugement et nous plonger dans une réflexion méditative. 

« Que l'on prêche dans les églises ne signifie pas qu'elles puissent se passer de paratonnerres. » 

Scientifique éminent, admis à la Royal Society en 1793 pour ses recherches sur l’électricité (il a d’ailleurs donné son nom aux figures que dessine la foudre une fois qu’elle a frappé le sol), philosophe proche des Lumières, et de Kant notamment, il fut surtout un satiriste hors pair qui a excellé dans l'art d'étriller les vaines ratiocinations et la pédanterie de ses contemporains, à coups de formules chocs et de brillants paradoxes. Une manière singulière de philosopher qui fera des émules. Nietzsche aura son marteau ; Lichtenberg avait la foudre.

« Là où Lichtenberg rit, c'est qu'un problème se cache. » (Goethe)

De ses petits carnets de notes tenus pendant trente ans, surgit une œuvre monumentale sous le titre « Brouillons » (entendre « brouillard comptable »), rassemblant, comme dans un registre, le compte rendu de ses pensées, aujourd'hui présentées pour la première fois au public français dans leur intégralité grâce à la traduction inédite d'Etienne Barilier, aux éditions Noir sur Blanc. S'y révèlent, pour certains, non seulement la cohérence d'une pensée originale, mais aussi le plan d'un grand roman fragmenté, qu'il s'agirait de reconstituer.

« Un livre est un miroir. Si un singe s'y regarde, ce n'est pas l'image d'un apôtre qui apparaît. » 

Goethe, Nietzsche, Freud, Robert Musil et Elias Canetti, Wittgenstein et Jacques Bouveresse... Tous ont témoigné leur admiration pour cet esprit iconoclaste, pétulant et drôle.





Fragments autonomes et brouillon complet