Scientifique éminent, admis à la Royal Society en 1793 pour ses recherches sur l’électricité (il a d’ailleurs donné son nom aux figures que dessine la foudre une fois qu’elle a frappé le sol), philosophe proche des Lumières, et de Kant notamment, il fut surtout un satiriste hors pair qui a excellé dans l'art d'étriller les vaines ratiocinations et la pédanterie de ses contemporains, à coups de formules chocs et de brillants paradoxes. Une manière singulière de philosopher qui fera des émules. Nietzsche aura son marteau ; Lichtenberg avait la foudre.
De ses petits carnets de notes tenus pendant trente ans, surgit une œuvre monumentale sous le titre « Brouillons » (entendre « brouillard comptable »), rassemblant, comme dans un registre, le compte rendu de ses pensées, aujourd'hui présentées pour la première fois au public français dans leur intégralité grâce à la traduction inédite d'Etienne Barilier, aux éditions Noir sur Blanc. S'y révèlent, pour certains, non seulement la cohérence d'une pensée originale, mais aussi le plan d'un grand roman fragmenté, qu'il s'agirait de reconstituer.
Goethe, Nietzsche, Freud, Robert Musil et Elias Canetti, Wittgenstein et Jacques Bouveresse... Tous ont témoigné leur admiration pour cet esprit iconoclaste, pétulant et drôle.