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Hongrie, suite...

Publié le 16/10/2006
Seconde partie de notre dossier Littérature hongroise...

Sandor MARAI (1900-1989)

L'héritage d'Esther (Albin Michel)
Ecrit en 1939, L'Héritage d'Esther met en scène une femme poursuivie par la fatalité. Esther mène une existence paisible et presque sereine auprès de sa gouvernante lorsque ressurgit Lajos, l'homme qui l'a abandonnée vingt ans auparavant, et qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. Dans un huis-clos dont il est le maitre, Sandor Maraï confronte ces deux personnages avec leur passé et parvient à détruire en un éclair tout un univers. Magistral !

Les Braises (Albin Michel)
Une Europe s'effronde, celle du rêve ancien de l'Empire Austo-Hongrois, et dans chaque pays quelques écrivains se dressent pour raconter cette époque crépusculaire : Musil, Zweig, Schnitzler...La Hongrie aura son auteur en la personne de Marai (1900-1989), témoin de ce drame qu'il mettra en scène dans la plupart de ses romans. Son plus grand (n'hésitons pas) se nomme Les Braises : unité de temps, unité de lieu, duel, tout le savoir-faire de Marai se retrouve quintessencié dans cet opus qui nous raconte la confrontation de deux hommes, amis anciens et séparés, venus régler des comptes tardifs au seuil de la mort. Livre superbe sur la fraternité et la trahison qui nous convainct qu'une affaire entamée entre deux êtres -ici l'amitié, ailleurs l'amour - doit avoir sa fin et trouver son sens, ce roman de l'ombre mérite le destin posthume de ceux de Zweig auxquels il peut se comparer.

Divorce à Buda (Albin Michel)
Dans Divorce à Buda , S. Maraï dresse le portrait de la bourgeoisie d'Europe centrale dans les années 1930. Une société accrochée à ses anciennes valeurs et qui se sent menacée par les nouvelles morales. Dans la nuit de Budapest, un homme se confesse à son ami. Grâce à une écriture neutre et intériorisée, Maraï réussit à créer un climat suspendu où les cicatrices des êtres se dévoilent peu à peu. Les questions angoissées que ses posent ces hommes des années 1930 ne sont peut-être pas aussi éloignées des nôtres...

Métamorphoses d'un mariage (Albin Michel)
Dernier né dans les traductions de Marai, ce roman est constitué de trois monologues qui chacun et selon un point de vue différent analyse un trio amoureux. plutôt familier de la dualité, Marai nous surprend ici même s'il ne signe pas son oeuvre majeure.

Attila JOZSEF (1905-1937)
Un des plus grands poètes du XXe siècle, mal connu en France malgré une oeuvre considérable. Dans la tradition de la poésie hongroise lyrique, il célèbre la nature et l'homme, dénonce l'injustice, les tourments de l'âme, dans une distorsion de la langue inventive, musicale et sauvage. En 2005, les éditions Phébus ont publié l'essentiel de l'oeuvre d'Attila Jozsef sous le titre Aimez-moi, emblématique comme un cri qui se heurte au silence lorsqu'on sait qu'à l'âge de trente-deux ans le poète s'est suicidé en se jetant sous un train.

Miklos SZENTKUTHY (1908-1988)
Allez, prononçons le mot, voici le Borges de la littérature hongroise, mais un Borges que sa langue aurait coupé du reste du monde, un Borges muré dans sa tour de livres et d'ivoire d'où il ne sortit plus pendant des dizaines d'années : Miklos Szentkuthy est l'auteur d'une oeuvre immense (et épuisante...) qui visite tous les genres en les retournant, romans, essais, autobiographie, etc... Son grand oeuvre, le Bréviaire de Saint-Orphée (1939-82) qui comporte neuf volumes en est la synthèse folle puisqu'il confond tous ces genres et fait imploser le type du roman d'apprentissage qu'il pervertit à grands coups d'érudition, de comparaisons, de correspondances imprévisibles . Le résultat est saisissant d'intelligence mais on comprend que les lecteurs français, inquiets de tant d'ambition, aient été peu enclin à trouver le courage d'affronter ce navire. Pourtant que de délices ils manquent ! On se rabattra, si l'on veut malgré tout goûter à sa prose, sur Chronique Burgonde, roman de facture traditionnelle où l'érudition se fait plus discrète ; ou encore on entamera La confession frivole, autobiographie d'un homme-bibliothèque qui connut dans les livres tous les mirages et toutes les joies de la Connaissance.

Magda SZABO
Née dans une famille bourgeoise en 1917, elle est reconnue comme l'une des grandes plumes de la littérature hongroise contemporaine. Ses premiers livres paraissent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et elle est saluée comme l'un des grands espoirs de la littérature. Après 1948, pour des raisons politiques, elle disparaît de la scène littéraire. Elle a reçu de nombreuses récompenses littéraires en Hongrie. En France, on ne la découvre qu'en 1987 avec son roman La Porte- enfin traduit par les éditions Viviane Hamy - avec lequel elle obtient le Prix Fémina Etranger. Ce roman insolite fut inspiré par la fascination qu'exerça sur elle une de ses anciennes employées de maison. La Ballade d'Iza, publié en 2005, est construit sur la difficile cohabitation d'une fille et sa mère après la mort du père... Un troisième titre, Rue Katalin vient de paraître début octobre.

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Bibliographie