«Rue Sébastien-Bottin, il partage son bureau avec Albert Camus dont il devient un ami très proche. Lorsqu'à la Libération le journal Combat sort de la clandestinité, Albert Camus demande à Jacques Lemarchand d'y assurer la critique théâtrale. Ses articles sont remarqués pour leur indépendance, la sûreté de leur style, vif et spirituel. En 1950, il entre au Figaro, puis au Figaro littéraire où il est accueilli avec enthousiasme par le directeur Pierre Brisson. A une époque où la critique théâtrale est en grande partie tenue par des critiques classiques comme Robert Kemp au Monde ou Jean-Jacques Gautier au Figaro, Jacques Lemarchand représente pour les auteurs nouveaux, les jeunes compagnies, les metteurs en scène désargentés, les directeurs de théâtre exigeants ou les acteurs de la décentralisation théâtrale un appui fidèle et actif. Ainsi, le Grand Prix national du Théâtre – créé en 1969 et décerné successivement à Eugène Ionesco (1969) et au metteur en scène Jean Dasté (1970) – fut tout naturellement attribué au critique de théâtre Jacques Lemarchand, qualifié par Bernard Franck dans une chronique du Monde de « premier critique d'après-guerre ».
«Au lendemain de la Libération et jusqu'à la veille de mai 1968, Jacques Lemarchand affirmera par ses chroniques dans Combat, La NRF et Le Figaro Littéraire, son rôle de veilleur attentif accompagnant l'émergence d'un théâtre nouveau (Adamov, Audiberti, Beckett, Duras, Genet, Ionesco, Vauthier, Vinaver…), d'observateur lucide de la scène théâtrale et d'éditeur consciencieux des textes d'auteurs dramatiques dans la collection « Le Manteau d'Arlequin » qu'il dirige aux Editions Gallimard.
«Son œuvre critique et son style personnel sont la marque d'une éthique rigoureuse et d'une grande richesse intellectuelle que ce recueil de chroniques consacrées au Nouveau Théâtre (1947-1968) permet de redécouvrir.»
Véronique Hoffmann-Martinot