2008 est une année événement pour la ville de Lourdes : le 8 décembre dernier s'est ouvert, en présence de Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes-Lourdes, et devant 20 000 pèlerins venus pour l'occasion, le jubilé du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous. Tout un symbole pour une ville qui autrefois n'était qu'une petite bourgade perdue au fin fond des Pyrénées, méprisée, voire inconnue. En un siècle et demi, Lourdes est devenue une ville mondialement célèbre, un haut lieu de pèlerinage - la troisième destination de pèlerinage catholique après Rome et Guadalupe - visité par près de 6 millions de personnes par an en quête de spiritualité et de guérison morale ou physique.
Pour la petite ville des Hautes-Pyrénées, 2008 sera donc plus qu'une simple année commémorative : ce sera surtout l'occasion pour tous de mener une réflexion sur Lourdes, son histoire et son actualité, et surtout sur la portée de son message «d'hier à aujourd'hui, d'aujourd'hui à demain », thème qui a été abordé lors d'un colloque marquant l'ouverture du jubilé.
Pour cela, un programme d'activité quotidienne et hebdomadaire est organisé toute l'année, avec de nombreux colloques et groupes de réflexion. Des journées de prières, des confessions et des célébrations eucharistiques (en plusieurs langues) seront bien sûr prévues, sans oublier le « parcours du jubilé » que les pèlerins pourront suivre à travers quatre lieux forts : l'église paroissiale où Bernadette Soubirous a été baptisée, le cachot dans lequel habitait sa famille au moment des apparitions, la grotte de Massabielle, lieu des apparitions, et la chapelle où Bernadette a fait sa première communion.
Le moment fort de cette année jubilaire sera bien sûr la visite du pape Benoît XVI à Lourdes, même si la date de sa venue n'est pas encore connue. Le Saint-Père a déjà fait savoir par décret qu'il concèderait une indulgence plénière spéciale à l'occasion du jubilé destinée à tous ceux et celles qui se rendront en pèlerinage à la grotte jusqu'au 8 décembre 2008, et qui respecteront certaines consignes précises (se confesser, communier, prier aux intentions du pape, etc.). L'indulgence, rarement accordée par le Vatican, est « la rémission de la peine temporelle due pour les péchés ». Autrement dit, il s'agit non seulement de "réparer" la faute, mais aussi d'effacer la peine ou la souffrance occasionnée par cette faute.
Bernadette et les apparitions
Entre le 11 février et le 16 juillet 1858, la petite Bernadette Soubirous a été témoin de 18 apparitions de la « Dame », comme elle l'appelait alors. Elle a à l'époque 14 ans et elle vit avec ses parents et ses 3 frères et sœurs dans le «Cachot », une pièce de 4 mètres carré attenante à une vieille prison désaffectée. Bernadette a connue une enfance particulièrement difficile, surtout marquée par la misère, la faim et la maladie (elle souffrait notamment d'asthme). En 1854, ses parents doivent quitter le moulin Boly qu'ils exploitaient, faute d'une mauvaise gestion commerciale, pour s'installer au « Cachot ». Là, l'état de santé de Bernadette oblige ses parents à l'envoyer chez sa marraine et tante qui l'emploie comme servante à la maison et au comptoir de son cabaret. Puis elle revient peu de temps après vivre avec sa famille au « Cachot ».
C'est à partir de 1858 que Bernadette témoigne d'apparitions à la grotte de Massabielle, dix-huit au total.
11 février : Bernadette se rend le long du Gave pour ramasser du bois avec sa sœur et une amie. Elle aperçoit une dame tout habillée de blanc dans la grotte de Massabielle.
14 février : elle retourne à la grotte, récite des chapelets et voit apparaître la dame, qui lui sourit et disparaît.
18 février : Bernadette demande à la dame de lui dire son nom. « Ce n'est pas nécessaire. Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre. Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant 15 jours? »
19 février : Bernadette vient à la grotte avec un cierge béni et allumé. Apparition brève.
20 février : La dame apprend une prière personnelle à Bernadette.
21 février : Une centaine de personnes accompagne Bernadette. La dame se présente à elle seule.
23 février : 150 personnes l'accompagnent. La dame lui révèle un secret « rien que pour elle ».
24 février : la dame lui transmet un message : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs! Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs !»
25 février : 300 personnes présentes. Message de la dame : « Allez boire à la fontaine et vous y laver. Vous mangerez de cette herbe qui est là ». Bernadette s'agenouille et plonge son visage dans la boue pour boire l'eau vaseuse, qui se transforme en eau pure.
27 février : 800 personnes présentes.
28 février : 2000 personnes présentes. Bernadette est en extase, elle prie et baise la terre. Elle est menacée de prison.
1er mars : 1500 personnes présentes, dont un prêtre. La même nuit, une amie de Bernadette se rend à la grotte et trempe son bras déboîté dans l'eau de la source : son bras et sa main retrouvent toute leur souplesse.
2 mars : Message de la dame : « Allez dire aux prêtres qu'on vienne ici en procession et qu'on y bâtisse une chapelle ! ». Le curé de Lourdes veut connaître le nom de la dame avant de lui faire construire une chapelle.
3 mars : 3000 personnes présentes. La dame ne vient pas. Bernadette y retourne plus tard, voit la dame. Elle refuse toujours de lui donner son nom et répond simplement par un sourire.
4 mars : 8000 personnes présentes. La vision reste silencieuse.
25 mars : Levant les yeux au ciel et joignant ses mains, la dame déclare, en patois : « que soy era immaculada coucepciou » (je suis l'Immaculée Conception). Bernadette répète ses mots qu'elle ne comprend pas au curé, troublé. 4 ans plus tôt, le pape Pie IX faisait de l'expression « Immaculée Conception » un dogme, et Bernadette dit ignorer qu'elle désigne la Vierge.
7 avril : Bernadette tient un cierge dont la flamme entoure sa main sans la brûler.
16 juillet : Dernière apparition. Une barricade interdit l'accès à la grotte. Bernadette voit la Vierge depuis l'autre rive du Gave.
Le 18 janvier 1862, la commission réunit par Mgr Laurence, évêque de Tarbes, atteste de la validité des « miracles » rapportés par la jeune Bernadette, que tout le monde croit incapable de mentir tant elle paraît sincère dans ses propos. Quatre ans seulement après les apparitions, l'Eglise reconnaît donc officiellement que la Vierge Marie est apparue dix-huit fois à Bernadette Soubirous à la grotte de Massabielle, faisant de ce lieu jadis anodin un sanctuaire marial mondialement célèbre.
Le 7 juillet 1866, Bernadette rejoint la Congrégation des Sœurs de la Charité à Nevers. Elle y restera treize années pendant lesquelles elle sera traitée sans égard spéciaux. Atteinte d'une tuberculose osseuse, et souffrante de son asthme chronique, elle meurt le 16 avril 1879 à Nevers à l'âge de trente-cinq ans.
Bernadette Soubirous a été béatifiée le 14 juin 1925 puis canonisée le 8 décembre 1933.