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Jean-Baptiste Botul, cet inconnu, essai biographique.

Publié le 18/09/2006
Quelques notes éparses sur la vie de Jean-Baptiste Botul et son oeuvre.
Jean-Baptiste Botul (15 août 1896 - 15 août 1947) est né à Laurière dans l'Aude. On croit savoir qu'en 1914, pour fuir la mobilisation, il gagna l'Argentine et qu'à Buenos Aires, il fut professeur de tango puis chauffeur de taxi. Là, il pratiqua la "taxithérapie", une manière de psychanalyse en course tarifée. Mandaté par le gouvernement français, il fut chargé d'une mission, aujourd'hui encore mystérieuse, sur l'atoll de Clipperton (terre française de l'océan pacifique). On aurait retrouvé ses traces au Mexique, où il rencontra Zapata et Villa Pancho. En 1919, de retour en métropole, il étudia la philosophie à la Sorbonne. Quelques années plus tard, jeune philosophe déjà chevronné mais sans le sou, il s'adonna à une activité éthiquement douteuse : rédiger, moyennant paiement, les thèses d'étudiants de la Sorbonne. A Paris, il reprit le volant d'un taxi et, la taxicanalyse n'ayant pas fait recette, il s'essaya à des "courses magistrales" : le client transbahuté prenait, en même temps que le taxi, un cours de philosophie.

Botul, en bon dernier philosophe "de tradition orale", aimait disserter. Professeur de philosophie en aparté, auteurs de bons mots, conférencier, il ne fut que parleur, mais beau, indéniablement. Sa verve ne laissa pas indifférentes Marie Bonaparte, Lou Andrés-Salomé et Simone de Beauvoir. Avec les hommes, son succès aurait été plus mitigé. Il est probable qu'il ait rencontré Stefan Zweig en 1934, qu'en 1938 il ait été le compagnon d'André Malraux au sein de la brigade Alsace-Lorraine et que, en 1945, il se soit brouillé avec Jean Cocteau.

Les Amis de Jean-Baptiste Botul travaillent aujourd'hui à la redécouverte de la vie et de l'oeuvre du philosophe, de ses propos et de ses "botulèmes" (ainsi furent baptisés les traits d'esprit et autres aphorismes dont Botul a parsemé son chemin). Leur site, les conférences, débats et rencontres qu'ils organisent et, surtout, Les Cahiers de l'enclume qu'ils éditent (trois numéros parus, dont un égaré) permettent aux curieux gagnés par le botulisme de découvrir des inédits du "Socrate de Laurière" et de rentrer plus avant dans son intimité. En 1996, de nombreux documents ayant appartenu à J.-B. Botul furent retrouvés à Laurière. Gageons que les botuliens, qui en examinent le contenu, sauront en extraire quelque précieux manuscrit.

Faut-il ici mentionner une rumeur qui, à la façon des virus, tend à se propager sur internet et met insidieusement en doute le sérieux du travail des biographes et des commentateurs de Jean-Baptiste Botul ?

Quelques coquilles dans la retranscription d'une lettre manuscrite adressée à Botul par Lou Andréas-Salomé (dont de cocasses "couillades" en lieu et place des "oeillades" que Botul envoyait à une comtesse) font dire au Matricule des anges que les botuliens ne sont que des farceurs (dans un article consacré à la parution du Cahier de l'enclume n°1: Le Matricule des anges n°29 de janvier-mars 2000). Ailleurs, sur la toile cybernétique, on lit que la naissance de Botul se situerait dans les années 1990, sous la plume d'un (ou de plusieurs) auteur(s) facétieux. Doit-on porter foi à ces racontars fumeux ? Peut-on croire que J.-B. Botul n'ait pas existé ? Il est trop tôt, et la rumeur trop incertaine, pour formuler un avis définitif sur la question. Mais on ne serait guère étonné s'il s'agissait d'un plan fomenté par Botul lui-même, un plan "de secours" pour pallier à sa prévisible sortie de cet anonymat qu'il avait pourtant tellement souhaité. L'association des Amis de Jean-Baptiste Botul saura sans doute nous éclairer sur ce point. Toutefois, si Botul devait être réduit à un simple canular, on ne saurait en tenir trop grande rigueur à ses inventeurs : une telle farce ne serait rien en regard des escroqueries littéraires dont les lecteurs sont bien souvent les victimes.

Gardons-nous cependant d'en arriver là : il faut, si cela se peut, démentir la non-existence de Botul qui, ironie du sort, menace de le replonger dans l'oubli à l'heure de sa renaissance. Car enfin, s'il s'avérait que Botul est un canular de potaches, la philosophie occidentale moderne essuierait une perte sèche, quinze ans de travaux d'exégèse seraient réduits à néant et, ce serait bien le pire, il faudrait le réinventer.

En savoir plus : Les Amis de Jean Baptiste Botul