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Jean Calvin : portrait d'un réformateur (2)

Publié le 15/02/2009
Suite et fin de notre dossier sur Jean Calvin
Le « despote de Genève »
En juillet 1536, Calvin décide de se rendre à Strasbourg, alors allemande et protestante, afin d'y rencontrer le réformateur Martin Bucer. Mais, à cause d'une guerre entre la France et l'Allemagne, la route directe est bloquée et Calvin fait un détour par Genève.
A cette époque, Genève est une jeune république indépendante. Elle vient d'adopter la Réforme, et la toute jeune Eglise protestante est alors dirigée par le pasteur Guillaume Farel. Lorsque celui-ci apprend que Jean Calvin passe par Genève, il lui demande de rester pour l'aider à y organiser la Réforme. Calvin accepte et s'installe à Genève. Ensemble, ils rédigent un catéchisme pour la population et Calvin élabore un règlement pour le fonctionnement de l'Eglise. Mais la conception de Calvin, selon laquelle l'Eglise doit avoir la prééminence sur les autorités civiles concernant certains sujets, déplaît fortement au conseil de la ville, et deux ans après son arrivée, le jeune pasteur français est banni et doit quitter la ville.
Calvin se rend finalement à Strasbourg, où il reste de 1538 à 1541. Il y seconde Martin Bucer comme pasteur et professeur et il traduit son Institution de la Religion chrétienne en français. En 1540, il épouse Idelette de Bure, dont il aura un enfant mort-né et qui elle-même moura en 1549.
Calvin est rappelé à Genève en septembre 1541. Il accepte de revenir, mais pose ses conditions. Il rédige sur le champ les Ordonnances ecclésiastiques, document destiné à servir de constitution à l'Eglise. Il élabore ensuite un nouveau catéchisme et une confession de foi obligatoire pour tous les habitants. Il réforme également la liturgie en faisant notamment adopter le chant des psaumes pendant le culte. En plus de ces réaménagements, il prêche un sermon par jour et deux le dimanche.
Mais Calvin veut aussi et surtout que ses « fidèles » soient sincères et rigoureux dans leur foi, et d'une moralité irréprochable. Il n'hésite pas à créer un consistoire composé de pasteurs et de laïcs dont le but véritable est d'exercer un véritable contrôle moral sur la population, et plus particulièrement sur les « libertins » dont il condamne violemment les mœurs. Ce consistoire prenant peu à peu le pas sur le conseil de la ville dans la gestion des affaires courantes de la communauté, les magistrats, ainsi qu'une partie de la population, s'opposent de plus en plus au style autoritaire et rigoriste du pasteur français.
Calvin est également intransigeant sur le plan dogmatique. Il n'hésite pas à faire condamner en 1553 l'espagnol Michel Servet au bûcher, après un procès pour hérésie, parce que ce dernier avait avancé des thèses critiquant le caractère biblique de la Trinité.
A partir de 1555, de plus en plus de protestants français et italiens viennent trouver refuge à Genève, dont la réputation est maintenant devenue internationale. Calvin soutient activement les protestants de France et les invite à créer leur propre Eglise. Désormais, l'autorité de Calvin n'est plus contestée et le modèle genevois se diffuse largement en Europe.
En 1559, une académie de théologie est créée à Genève. La même année, Calvin donne sa forme définitive à L'Institution chrétienne, qui compte désormais quatre livres et 80 chapitres, alors qu'il n'était composé que de 6 courts chapitres en 1536.
Durant les dernières années de sa vie, Calvin, finalement devenu citoyen de Genève en 1560, se consacre à l'étude et à l'enseignement. Il meurt à Genève en 1564 et il est enterré avec une extrême simplicité : aucun signe ne marque l'emplacement de sa sépulture, qui nous est demeuré inconnu.

La théologie de Jean Calvin
Comme Luther, Calvin place la lecture de la Bible au centre de l'expérience théologique. Par conséquent, toutes ses affirmations sur la doctrine sont fondées sur les Écritures, même s'il lui arrive souvent de citer les Pères de l'Église et les grands théologiens du Moyen Âge. Il préfèrera éviter les discussions spéculatives sur la nature du divin et mettre au contraire l'accent sur la parole de Dieu révélée dans la Bible.
L'essentiel de sa théologie se retrouve dans son œuvre majeur, L'Institution de la religion chrétienne, dont la version latine est rapidement devenu l'ouvrage théologique le plus utilisé par les étudiants réformés. Les quatre livres de l'édition définitive sont organisés autour des articles intitulés Père, fils, Esprit Saint et Eglise.

Le Père : la connaissance de Dieu est liée à la connaissance de soi-même. L'aspiration au spirituel est manifeste dans la conscience humaine et dans le monde. Dieu a créé le monde et l'a créé bon. Mais depuis la chute, l'humanité n'est parvenue à la conscience de Dieu qu'en de rares occasions et de façon incomplète. Cependant, tous ceux qui parviennent à la compréhension de la véritable nature de l'homme, à savoir que les meilleures actions sont entachées d'imperfections et qu'aucune action n'est pure, peuvent se repentir et espérer en Dieu le Père pour leur salut.

Le fils : depuis le péché originel, tous les hommes méritent la damnation, mais Jésus-Christ est venu comme prophète, prêtre et roi pour appeler les élus à la vie éternelle avec Dieu.

L'Esprit Saint : l'Esprit Saint, troisième personne de la Trinité, accorde le don d'écrire et de lire les Écritures, assiste les croyants dans leur dévotion et permet la croissance de la foi dans le Christ. Il accorde la foi en la résurrection des morts qui amènera ceux qui ont été sauvés à la perfection de l'existence en la présence de Dieu. L'Esprit Saint offre la réponse au mystère de la prédestination : toute assurance d'être choisi par la grâce est accordée par lui et, de même, la damnation selon la justice de Dieu est liée à la puissance de l'Esprit Saint.

L'Église : L'Église de Dieu et les sacrements sont aussi des dons de la grâce de Dieu, en vue de l'édification des élus et pour le bien de ce monde. L'Église est chargée de prêcher, de rester à l'écoute de la parole de Dieu et d'administrer correctement les sacrements. Pasteurs et responsables de l'Église doivent essayer de vivre en véritables disciples du Christ. Les sacrements religieux sont réduits, conformément à ce qui était mentionné dans les Évangiles, au baptême et à l'eucharistie, qui doivent être célébrés comme des mystères auxquels le Christ était spirituellement présent.

Calvin a fait publier d'autres écrits, le plus souvent sur des aspects précis de la vie chrétienne (sacrements, eucharistie,…),  des commentaires des Evangiles ou parfois des écrits pamphlétaires. A cela s'ajoutent les quelques 1500 sermons qui ont été conservés par ses étudiants ainsi qu'une volumineuse correspondance.