Né en 1943 dans
le Colorado, cet expert en économie et en relations internationales
est une personnalité influente aux Etats-Unis. Militant de longue date, Jéremy
Rifkin est souvent appelé à témoigner devant le Congrès Américain, sur des
sujets allant des menaces de guerre bactériologique à l'étiquetage des aliments
transgéniques. Rifkin doit sa notoriété à 14 ouvrages, dont 4 sont
disponibles en France, traitant de l'impact des changements techniques et
scientifiques sur l'économie, l'emploi, la société et
l'environnement.
La fin du travail. Editions La
Découverte.
Selon Rifkin, alors que les évolutions
technologiques passées ont toujours fait rejaillir des emplois, la "troisième
révolution industrielle” qui se développe aujourd'hui se révèle être sans
précédent. L'informatique et la bioéthique menacent le travail humain dans des
secteurs tels que l'agriculture ou les services qui sont de plus en plus
automatisés. Ainsi de nouveaux modes d'organisation rationnelle de la production
(reengineering) conduisent l'évolution des tâches, des travailleurs et de leurs
lieux de travail vers plus de virtualité.
Cette situation provoque le déclin
de la classe moyenne et aggrave ainsi les rapports sociaux et creuse les
inégalités. La hausse du chômage entraîne l'accroissement des comportements
dangereux pour la société . D'autres part, le travail, de plus en plus orchestré
par des robots et des ordinateurs, est devenu de plus en plus stressant et
fatigant.
Le partage du travail apparaît comme une nécessité pour l'auteur.
Aujourd'hui, il s'agit surtout de repenser le social . La seule issue à la perte
de travail productif traditionnel est dans le développement d'un tissu
associatif, afin d'occuper tous ceux qui sont menacés par l'inactivité. Dans
cette perspective, c'est à l'Etat d'apporter un revenu minimum à
tous.
L'âge de l'accès. Editions
La Découverte.
De manière prophétique, Rifkin annonce
l'avènement d'un nouveau système économique et la fin du capitalisme de marché.
L'économie est en effet appelée à connaître de profondes mutations : le
territoire cède la place au cyberespace et les marchés aux réseaux. Si la
propriété ne disparaît pas, celle-ci restera dorénavant entre les mains des
producteurs, les clients y accédant en payant un loyer ; l'accès supplante donc
la propriété.
Les anciennes économies
(agriculture, industries, économie des services) ne disparaissent pas ; elles
deviennent des matières premières pour la prochaine étape, celle de l'économie
de l'expérience ou nous vendons et achetons le temps lui même : “ Les secteurs
de pointe du futur reposeront sur la « marchandisation » de toute une gamme
d'expériences culturelles plutôt que sur les produits et les services
traditionnels fournis par l'industrie. Les voyages et le tourisme international,
les parcs à thème et les villes musées, les complexes de loisirs, la culture du
corps, la mode, la cuisine, les sports professionnels, le jeu, le cinéma, la
télévision, les mondes virtuels et toutes sortes d'activités récréatives
reposant sur les médias électroniques sont en train de devenir l'axe porteur
d'une forme d'hypercapitalisme qui exploite l'accès aux expériences culturelles.
” Voici résumé la thèse de Rifkin qui diagnostique rien de moins qu'une
véritable révolution et un changement de civilisation.
L'économie hydrogène. Editions
La Découverte.
L'évolution de la nature du travail, la
révolution des biotechnologies et des communications, le caractère toujours plus
temporel de l'activité économique et la lutte globale entre le capitalisme et la
culture bouleversent le monde qui nous entoure et la conception que nous en
avons.
C'est un bouleversement tout aussi profond qui va bientôt affecter nos
habitudes énergétiques. L'époque moderne a été le produit de la maîtrise du
charbon, du pétrole et du gaz naturel. Qu'ils aient été de nature militaire,
commerciale, sociale ou politique, tous les progrès réalisés au cours des deux
derniers siècles ont été lies d'une façon ou d'une autre à l'énorme puissance
dégagée par la combustion des énergies fossiles. Les anthropologues affirment
que la quantité d'énergie consommée par habitant dans une société donnée est un
indicateur fiable de son état de développement relatif. Au cours des deux
siècles passés, la société occidentale a consommé plus d'énergie par habitant
que toutes les autres sociétés au cours de leur histoire. Nous jouissons
aujourd'hui d'un niveau de vie sans précédent et nous devons notre bonne fortune
aux réserves d'hydrocarbures qui se sont formées en sous-sol.. Aujourd'hui le
prix du pétrole est relativement bas sur les marchés mondiaux. Nos experts nous
expliquent que si les réserves sont destinées à se tarir un jour, cela ne se
produira pas avant 30 ou 40 ans au moins, ce qui laisse tout le temps nécessaire
pur développer des sources d'énergies alternatives.
L'hydrogène est
l'élément le plus léger, le plus simple et le plus répandu dans l'univers.
Exploité sous forme d'énergie, il devient un "combustible éternel". Inépuisable,
il est aussi non polluant puisqu'il ne contient pas un seul atome de carbone.
Les fondations de ce que nous pouvons appeler l'économie hydrogène sont
déjà là sous nos yeux. Au cours des prochaines années, la révolution de
l'hydrogène va se fondre dans la révolution de l'ordinateur et des
télécommunications pour donner naissance à un alliage puissant, susceptible de
transformer de fond en comble les relations humaines au cours du XXI° et du
XXII° siècle. Dans la mesure où l'hydrogène est universellement répandu et
inépuisable, l'exploitation judicieuse de cette ressource permet d'envisager à
terme l'émancipation de chaque être humain, inaugurant ainsi le premier régime
énergétique véritablement démocratique de l'histoire humaine.
Mais l'économie mondiale, les différents pays producteurs de pétrole,
les différents lobbies sont-ils véritablement prêts ?
Sophie Duclaud (avec la collaboration de Pierre Oudart)