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Kandinsky, la conquête de l'art abstrait

Publié le 10/06/2009
Avec Mondrian et Malevitch, Kandinsky est l'un des pionniers de la peinture abstraite. Une exposition lui est consacrée jusqu'au 10 août Centre Pompidou.
Les débuts du peintre sont fortement marqués par le néo-impressionnisme et le fauvisme. Il en développe les sujets (paysages, scènes de nature) et le style (schématisation des figures, acuité des couleurs). En 1911, Vassily Kandinsky, d'origine russe, crée à Munich avec un groupe d'artistes (dont Franz Marc) « der Blaue Reiter ». Il y affirme son style si singulier et entame dans Du spirituel dans l'art (édité en 1912 mais écrit en 1909) une réflexion théorique sur sa peinture. Il ne fait pas l'apologie de l'art non-figuratif, mais il y est beaucoup question d'« abstraction ». Sans doute angoisse d'une découverte trop dure à assumer ou peur de voir sa peinture tomber dans le décoratif, Kandinsky attaché à la dimension spirituelle de l'art ne rejette pas la figuration. Dans L'Almanach du Blaue Reiter (1912), Kandinsky conçoit « l'art abstrait » comme une peinture dans laquelle les éléments abstraits prennent le dessus sur la représentation de l'objet. Cependant, le figuratif n'est pas éliminé pour autant. Pour reprendre une juste formule de Denis Riout dans Qu'est-ce que l'art moderne ?, c'est par une « abstraction par décantation » que Kandinsky parvient à l'idée d'une peinture abstraite. C'est par un long passage progressif que le peintre se détache peu à peu de la figure réelle : les formes abstraites côtoient les formes figuratives ; les titres abstraits (« Improvisation », « Komposition »…)  sont parfois accompagnés d'indicatifs réalistes (« Gendarme », « Zwei Pferde »…

Outre les groupes avant-gardistes du début XXème, Kandinsky a pu s'aventurer dans l'abstraction la plus pure en prenant pour modèle le langage poétique (spécialement M.Maeterlinck). La poésie et la linguistique ont déjà effectué ce travail d'abstraction. Le mot est ainsi appréhendé dans sa valeur poétique. Sa valeur acoustique est détachée de sa signification. Kandinsky tentera ainsi une transposition en appréhendant le tableau et ses éléments en tant que tels et en évaluant leurs ressources picturales : la couleur, la forme, la ligne, le plan, leurs interactions. Il faut attendre 1913 pour que Kandinsky se détache véritablement de l'art figuratif. Dans « Regards sur le passé » il écrit : « l'objet nuit à mes tableaux. »

Après plusieurs séjours à Moscou et à Stockholm entre 1915 où le peintre  prend connaissance des avant-gardes russes, il enseigne au Bauhaus. Il y généralise et formalise sa réflexion pour aboutir à une « peinture pure » où l'on perçoit l'influence de Malevitch et de Rodchenko (utilisation singulière du plan en diagonal et de la couleur). En 1926, il publie « Point et ligne sur Plan » où il oppose « art abstrait » et « art figuratif » et où il analyse de façon précise les différents éléments de la peinture. Menacé par la poussée nazie, Kandinsky se réfugie à Paris où il poursuivra son travail et achèvera sa vie.
Comme l'explique très bien Georges Roque «dans « Qu'est-ce l'art abstrait ? » Kandinsky  utilisera tout au long de sa vie une terminologie variée pour désigner sa peinture : « art abstrait », « art concret », « art pur » etc…

Démonstration d'un peintre qui se cherchait et qui se positionnait par rapport à ses contemporains dans cette lutte pour la conquête d'une nouvelle peinture résolument moderne.

Bibliographie