Outre les groupes avant-gardistes du début XXème, Kandinsky a pu s'aventurer dans l'abstraction la plus pure en prenant pour modèle le langage poétique (spécialement M.Maeterlinck). La poésie et la linguistique ont déjà effectué ce travail d'abstraction. Le mot est ainsi appréhendé dans sa valeur poétique. Sa valeur acoustique est détachée de sa signification. Kandinsky tentera ainsi une transposition en appréhendant le tableau et ses éléments en tant que tels et en évaluant leurs ressources picturales : la couleur, la forme, la ligne, le plan, leurs interactions. Il faut attendre 1913 pour que Kandinsky se détache véritablement de l'art figuratif. Dans « Regards sur le passé » il écrit : « l'objet nuit à mes tableaux. »
Après plusieurs séjours à Moscou et à Stockholm entre 1915 où le peintre prend connaissance des avant-gardes russes, il enseigne au Bauhaus. Il y généralise et formalise sa réflexion pour aboutir à une « peinture pure » où l'on perçoit l'influence de Malevitch et de Rodchenko (utilisation singulière du plan en diagonal et de la couleur). En 1926, il publie « Point et ligne sur Plan » où il oppose « art abstrait » et « art figuratif » et où il analyse de façon précise les différents éléments de la peinture. Menacé par la poussée nazie, Kandinsky se réfugie à Paris où il poursuivra son travail et achèvera sa vie.
Comme l'explique très bien Georges Roque «dans « Qu'est-ce l'art abstrait ? » Kandinsky utilisera tout au long de sa vie une terminologie variée pour désigner sa peinture : « art abstrait », « art concret », « art pur » etc…
Démonstration d'un peintre qui se cherchait et qui se positionnait par rapport à ses contemporains dans cette lutte pour la conquête d'une nouvelle peinture résolument moderne.