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L'événement Axel Honneth

Publié le 06/02/2014
Il ne faut surtout pas manquer le passage à Bordeaux du philosophe Axel Honneth. Alors que l'Université Bordeaux Montaigne organise un colloque (du 4 au 6 février) au terme duquel il sera nommé Docteur Honoris Causa, le penseur allemand répond à l'invitation de Guillaume le Blanc au TNBA pour son cycle « Pourquoi des penseurs en temps de crise ? » le mardi 4 février à 18h.
Guillaume Bouton co-organisateur du colloque nous présente ce philosophe incontournable :

Né à Essen en 1949, Axel Honneth a fait des études de philosophie, de sociologie et de littérature aux Universités de Bonn et de Bochum, puis à l'Université libre de Berlin. Il y soutient en 1982 son doctorat de philosophie sur « Critique du pouvoir. Foucault et la théorie critique ». De 1983 à 1989, il est assistant de Jürgen Habermas à l'Université Goethe de Francfort. Il devient ensuite professeur de philosophie à l'Université de Constance (1991), à l'Université libre de Berlin (1992), professeur invité à la New School for Social Research de New York (1995) pour revenir, en 1996, à l'Université Goethe de Francfort comme titulaire de la chaire de « philosophie sociale ». Il est aussi depuis 2001 le directeur de l'Institut de recherche sociale, foyer de l'École de Francfort qui fut fondée dans les années 1930 par Theodor W. Adorno et Max Horkheimer. Représentant mondialement connu de la philosophie sociale, ses travaux sont traduits aujourd'hui dans de nombreuses langues. Depuis 2011, Axel Honneth est également professeur à l'Université Columbia à New York.

Le projet philosophique d'Axel Honneth fut de relancer la théorie critique, amorcée par l'École de Francfort, au moyen d'une théorie de la reconnaissance réciproque, dont il a formulé le programme dans La lutte pour la reconnaissance (1992). Inspiré par la philosophie de Hegel (Axel Honneth est depuis 2007 président de la Hegel-Vereinigung/Association internationale Hegel), ce travail a aussi une dimension interdisciplinaire, qui allie philosophie, sociologie et psychanalyse. Sa thèse est que les individus sont en lutte pour être reconnus tout au long de leur vie, selon trois formes principales: reconnaissance affective par les proches (amour, amitiés, qui fondent la confiance en soi), reconnaissance juridique par l'État (attribution de droits qui fondent le respect de soi), reconnaissance sociale par le travail (mise en valeur de capacités qui fondent l'estime de soi). Chaque déni de reconnaissance entraîne une forme de mépris social spécifique (violence physique, déni de droit, atteinte à la dignité), qui débouche sur des sentiments d'indignation et de colère, susceptibles d'alimenter des luttes et des revendications sociales.

Dans ses travaux ultérieurs, Axel Honneth a collaboré avec des philosophes de renom comme Nancy Fraser et Judith Butler. Ses derniers travaux portent sur les notions de justice et de liberté, ainsi que sur les effets négatifs du capitalisme, dans sa forme récente, néolibérale, sur la démocratie.

La philosophie sociale d'Axel Honneth ne rayonne pas simplement dans le monde académique. Ses concepts comme celui de reconnaissance servent aussi de bannière théorique pour des mouvements sociaux, féministes, culturels, qui s'en réclament implicitement ou explicitement. C'est ainsi une nouvelle articulation de la théorie et de la pratique qui est en jeu au travers de ses analyses.