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L'intégralité des Manuscrits de la Mer Morte enfin éditée.

Publié le 12/03/2002
Aprés des décennies d'attente,l'ensemble des parchemins de la Mer Morte dévoilent leur mystère et leurs enseignements au grand public.

En 1947, en terre jordanienne,alors qu'il tentait de retrouver l'une de ses brebis, un berger bédouin découvrit dans une grotte surplombant le site de Qoumrân des jarres contenant des parchemins anciens. Si l'histoire omet de signaler l'état de santé de l'animal égaré, elle retiendra en revanche l'une des plus importantes et des plus palpitantes découvertes de ce siècle. En effet, à partir des fouilles de cette première grotte et d'une dizaine d'autres aux alentours, ce sont plus de 800 textes qui furent ainsi mis à jour. L'ancienneté de ces manuscrits écrits entre 250 av JC et 68 ap JC dont un quart sont de nature biblique -le reste étant dit "écrits intertestamentaires"- recéla une formidable mine de renseignements quant aux origines-mêmes du christianisme et la situation du judaïsme palestinien à cette époque.

De nombreux chercheurs s'accordent à présent sur l'origine de ces manuscrits.

Qoumrân aurait abrité au IIème siècle avant notre ère une importante communauté religieuse identifiée comme étant celle des ésséniens. Cette secte majeure du judaïsme, d'une piété austère, en conflit avec la prétrise au pouvoir en Judée, s'exila sur les rivages de la Mer Morte et y fonda un couvent. En 68, lors de la Grande Guerre juive, pressentant la menace d'une intervention romaine en Palestine, les membres du couvent cachèrent leurs livres sacrés dans les grottes avoisinantes.Leurs craintes s'avérèrent malheureusement fondées puisque Qoumrân fut peu de temps aprés anéanti par les romains, les ésséniens massacrés et cette tragique période atteint son paroxisme dans les flammes du temple de Jérusalem incendié en 70 ap JC.

Durant XX siècles la terre jordanienne recéla jalousement son trésor, conservant ces manuscrits, pas tous toutefois avec le même bonheur puisque certains fragments retrouvés n'étaient guère plus grand qu'un timbre -poste. Aussi peut-on imaginer à quel point ce travail titanesque d'assemblage et de décryptage de ces manuscrits fut long et pénible pour ces équipes de chercheurs de surcroît fort peu nombreux.

Les crises politiques qui secouèrent le moyen-orient durant la seconde moitié du XXème siècle, les conflits d'intérêts mis en jeu par les droits de publication, les rumeurs concernant l'assimilation-avérée rapide- de la doctrine chrétienne de Jésus à la doctrine éssénienne du "Maître de justice" (chef de la communauté), et d'autres incidents encore ralentirent les travaux, rendirent les manuscrits inaccessibles, les nimbèrent de mystères et de soupçons.

Voici donc enfin qu'après 55 ans de péripéties, de controverses passionnées et de débats fiévreux, les Editions Oxford University Press ont annoncé la publication des derniers volumes des manuscrits aux Etats Unis; 39 tomes au total réunissant les textes hébreux ou aramééns ainsi que leurs traductions anglaise et française. Gallimard avait déjà fait paraître dans la collection La Pléiade les Ecrits intertestamentaires sous la direction de Marc Philonenko. Récemment c'est Plon qui a édité la traduction intégrale en version francaise à partir des travaux des spécialistes américains Abegg, Wacholder, Eisenman et Robinson. Alors n'hésitez plus à vous lancer dans la lecture de ce qui restera l'une des plus belles aventures archéologiques du XXème siècle.