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"Le rêve ignore le néant"

Une actualité de Marion B.
Publié le 26/01/2024
Hommage au psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis (15 janvier 1924 - 15 janvier 2013)
"Mais qu'est-ce-qu'une vie si on ne la raconte pas? Et, nous le savons, pour une seule vie, il y a cent biographies possibles." L'amour des commencements (1986)


Connu et reconnu en tant que psychanalyste, Jean-Bertrand Pontalis qui aimait à dire que "l'on est fait de mille autres"(1) a vécu lui-même mille vies.

D'abord celle de philosophe : Elève au lycée Henri-IV il y fait, en 1941, une rencontre qui infléchit le cours de son existence. Le jeune Pontalis s'identifie si intensément à la figure de Jean-Paul Sartre qui y enseigne la philosophie que le psychanalyste parlera plus tard d'un véritable amour de transfert. En 1945, il obtient un diplôme d'études supérieures pour un travail sur la philosophie de Spinoza, puis l'aggrégation, et commence à collaborer pour la revue Les Temps modernes fondée par De Beauvoir et Sartre jusqu'en 1948. Il va jusqu'à devenir membre du comité de rédaction et y publie des textes de psychanalyse (les siens et ceux de consoeurs et confrères). L'année suivante, il commence une carrière d'enseignant de lycée à laquelle il mettra un terme en 1952 et entre au CNRS un an plus tard grâce au philosophe Maurice Merleau-Ponty. Il y sera l'assistant de Jean Laplanche.

1953 : une année décisive dans la vie du philosophe Pontalis. Il fait la rencontre d'un certain Jacques Lacan, entame avec lui une analyse qui dure sept ans et devient secrétaire de son séminaire. A l'issue de sa cure, il écrit avec Jean Laplanche le fameux "Vocabulaire de la psychanalyse", somme incontournable traduite en dix-sept langues "relevant l'évolution de chaque concept au fur et à mesure de l'approfondissement de la pensée de Freud et de ses successeurs, [et mettant] en évidence l'originalité et l'unité d'une pensée jusque-là méconnue" (2).

Homme engagé à sa façon, il signe en 1960 le "manifeste des 121" qui appelle à l'nsoumission dans la guerre d'Algérie. 1964 signe la rupture avec Lacan lors de la fondation de l'Association psychanalytique de France. Il fonde en 1970 la Nouvelle revue de psychanalyse dont il assure la direction pendant vingt-cinq ans et qu'il choisit d'interrompre après la parution du 50ème numéro. Parallèlement, en 1979, il fait son entrée au comité de lecture des éditions Gallimard, y publie plusieurs de ses oeuvres littéraires en même temps qu'il crée et dirige les superbes collections "L'un et l'autre" et "Connaissance de l'inconscient" (cf notre dossier ici : https://www.mollat.com/dossiers/connaissance-de-l-inconscient).

Celui "qui s'intéressait peu à l'engagement psychanalytique dans la cité"(3) était tout entier tourné vers les lettres, les arts et l'étude de l'inconscient. A travers son oeuvre littéraire "indissociable de son oeuvre psychanalytique"(4), il creuse avec une mélancolie lumineuse, une finesse et élégance d'esprit singulières, les thèmes du temps, de l'amour (des femmes, fraternel...), de l'enfance et du fantasme qui sont autant de matériaux pour l'élaboration psychanalytique.

En 2011, il reçoit le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre. A l'occasion du centenaire de sa naissance, nous vous proposons une sélection de ses ouvrages littéraires et de psychanalyse les plus emblématiques.


(1) Propos recueillis par Florence Noiville pour Le Monde "J-B Pontalis : "On est fait de mille autres"
(2) "J.-B. Pontalis (1924-2013) Un psychanalyste élégant disparaît, Samuel Lepastier dans Hermès, La Revue 2013/2 (n°66)
(3) Elizabeth Roudinesco pour France Culture
(4) citation de Claude Janin dans sa biographe de J.-B. Pontalis


 

Sélection d'ouvrages emblématiques de l'oeuvre de J.-B. Pontalis