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Le sommet des Dieux - Du manga culte à l'écran

Une actualité de Libraires BD - Manga
Publié le 01/10/2021
Aujourd'hui adapté sur grand écran, "Le sommet des Dieux" est une œuvre culte du mangaka Jiro Taniguchi. Nous vous proposons aujourd'hui un retour sur la série et son adaptation.

Alpinistes, randonneurs professionnels ou en herbe, ou simples amoureux des hauteurs et du silence, chacun a un rapport particulier avec la montagne. Certains aiment ce qu’elle dégage aux premières lueurs de l’été avec son soleil éclatant, une nature verdoyante et la ressortie des animaux de leurs tanières. D’autres préféreront la contempler en hiver, puissante, imposante et silencieuse.
C’est dans cette ambiance et dans cet environnement majestueux que prend place l’histoire du “Sommet des Dieux” de Jiro Taniguchi et aujourd’hui dans l'œuvre animée de Patrick Imbert.

Paru entre 2000 et 2003 au Japon, “Le sommet des Dieux” est un manga de type Seinen entraînant le lecteur dans une enquête brumeuse autour de la vérité entourant la première ascension réussie de l’Himalaya. 

Fukamachi est un photographe/alpiniste ayant réussi à mettre la main sur un ancien Kodak ayant appartenu à George Mallory. Sur la pellicule serait gravé la preuve que Mallory et son comparse seraient bel et bien les premiers hommes à avoir gravi l’Himalaya en 1924 et non Edmund Hillary en 1953.
Problème, l'appareil photo est subtilisé et Fukamachi devra se mettre à la recherche d’un ancien alpiniste disparu des radars : Habu Jôji. Ce dernier aurait réussi à mettre la main le premier sur le Kodak sur le lieu même de l’expédition de Mallory et qui aurait donc une réponse aux questions de Fukamachi.

Construit comme une enquête journalistique autour de la mémoire de ces mythes et légendes de la montagne, “Le sommet des Dieux” est un gigantesque panorama fictif (mais très ancré dans notre réalité) brossant le portrait de presque 80 ans d’alpinisme. 

Hormis cette enquête, le manga met en avant un réalisme à toute épreuve en représentant les réelles étapes d’escalade, les manières de s’assurer lors d’une montée ou encore les dangers liés à une ascension. 

Mais le cœur de l'œuvre se situe dans son ambiance et dans la construction d’un face à face de l’Homme et de la Nature. Cette dernière étant décrite comme dangereuse, belle et indépendante évoluant au gré de la météo, de la fatalité et du temps qui passe.


Et aujourd’hui sort en salle l’adaptation de “Le sommet des Dieux”. Alors, que vaut cette adaptation ?

Tout d’abord, ce qui est important de noter et de savoir, c’est qu’un objet filmique doit être pris dans son entièreté, être jugé comme tel et non comme la part d’un dyptique. Une adaptation n’est pas un prolongement ou une suite. C’est une réflexion, un hommage et une démonstration d’amour envers l’oeuvre originale, en témoigne la récente adaptation de “Dune” de Denis Villeneuve (réalisateur de génie ayant accouché de chef d’oeuvres cinématographiques tel que “Blade Runner 2049”, “Enemy” ou encore “Premier Contact”).

Et en 2021 Patrick Imbert (réalisateur de l’excellente adaptation de “Le grand méchant renard” et directeur de l’animation sur le superbe et poétique “Ernest et Célestine") livre aux spectateurs un film d’animation absolument somptueux qui est d’hors et déjà un des tout meilleurs films de l’année 2021 (si si faites nous confiance).

L’histoire est la même et reste inchangée : il s’agit toujours de la quête de vérité de Fukamachi et de sa rencontre avec Habu dans les montagnes de l’Himalaya. Sans trop vous en dévoiler (le film réalise l’exploit de compiler 5 tomes et 1h30 de temps), le film est une magnifique invitation au voyage, réussissant à cristalliser des émotions fortes et à créer une véritable tension qui cloue le spectateur à son fauteuil réussissant même à nous donner des sueurs froides lorsque nos héros sont suspendus au dessus du vide.

Film français oblige, le casting vocal est royal avec Damien Boisseau dans le rôle de Fukamachi (doubleur attitré de Matt Damon et Edward Norton) mais surtout Eric Herson-Macarel dans le rôle de Habu (doubleur de Daniel “James Bond” Craig et prochainement de John Blacksad dans la future fiction audio) qui donne toute sa grandeur au personnage épuisé par les expériences de la vie.

L’animation n’est pas en reste avec des idées visuelles absolument dingues à chaque plan flirtant parfois avec le film d’angoisse et le film d’aventure. Et il est à noter l’utilisation, en plus d’une animation traditionnelle, d’un filtre rouge rappelant presque une 3D stéréoscopique pour souligner certaines sensations. Le studio d’animation Folivari est en charge de l’animation en proposant une création 2D, certes moins coûteuse, mais également plus pratique et plus proche d’une animation à l’ancienne dans le pur style anime d’époque “Club Dorothée”. 
Pour toutes ces idées il est essentiel de souligner le travail sur les effets spéciaux du FOST Studio déjà à l'œuvre sur “Ernest et Célestine” donc mais également “Chien Pourri” et bientôt sur l’adaptation de “Splinter Cell” pour Netflix.

En un mot comme en cent : l’imaginaire visuel de Imbert est incroyable.


Patrick Imbert aura donc réussi à adapter une œuvre culte du manga moderne tout en lui apportant sa patte et sa sensibilité pour accoucher d’une œuvre douce, mélancolique, grande et (espérons le) culte.

Le sommet des Dieux

Autour de l'œuvre