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Les divinités dans le manga

Les dieux et mythes japonais sont une grande source d’histoires et d'aventures fantastiques. 
Une actualité de Libraires BD - Manga
Publié le 02/10/2023
Au Japon les divinités ont été et continuent d’être une source d’inspiration inépuisable pour les autrices et auteurs. En résulte un nombre incroyable de références, mettant en scène tantôt des croyances nées de l’imagination du ou de la mangaka, tantôt des divinités préexistantes, voire même contant l’histoire de personnalités religieuses d’un point de vue historique. Leur narration peut être aussi sombre qu’elle peut être comique, aussi fidèle à la réalité qu’elle peut être rocambolesque. 

Dans l’excellent Primal Gods in Ancient Times, dans la contrée de Wa (Japon de l’Antiquité tardive), les populations se pensent à la merci des Dieux (appelés kami). Ces derniers accorderaient leurs faveurs aux plus pieux, et feraient subir leur courroux aux plus résistants à leur influence. Afin de parer à cette éventualité, les villages offrent régulièrement en sacrifice des adolescents tirés au sort, à la divinité régnant sur leur territoire. Nous suivons alors l’histoire de Miyo, une orpheline désignée pour le prochain sacrifice. Elle croisera la route de l’ascète En No Ozuro, joint par son disciple Zenki et une mystérieuse jeune femme. Accompagnée par ces derniers lors de sa rencontre avec le kami  à qui sa mort était destinée, elle finira par s’enfuir avec ses nouveaux compagnons et devenir la disciple du voyageur. Débute alors une aventure à la rencontre de titans aux pouvoirs craints et admirés de tous, et pour Miyo, la quête d’un sens à la nouvelle vie qu’elle pensait avoir abandonnée. 

A l’opposé, dans To Your Eternity, l’aventure ne consiste pas à rencontrer les Dieux, mais à un être céleste de faire l’expérience de la vie humaine. Un narrateur inconnu et omniscient (que l’on s’imagine être Dieu) a envoyé sur Terre une sphère, capable de prendre la forme de toute chose qu’elle touche. Nous suivons alors les péripéties de cet être anonyme, tandis qu’il découvre ses enveloppes terrestres, d’abord sous la forme d’un loup. Le tout est narré sur un ton finalement assez léger au fur et à mesure des rencontres d’autres personnages, humbles mortels dans les yeux du personnage principal.
Bien sûr bon nombre d’aventures surnaturelles restent à découvrir, comme Tsugai, dernier récit palpitant de l’auteure de Fullmetal Alchemist, ou encore Area 51, où se mêlent tous les mythes, légendes et créatures folkloriques imaginables, enfermés dans la fameuse zone militaire du Nevada. La série Valkyrie Apocalypse quant à elle ravira tous les lecteurs en soif de combats titanesques.


Dans un registre légèrement plus sombre, nous pouvons retrouver des séries comme Hell’s Paradise : Durant la période Edo au Japon, un groupe de criminels condamnés à mort est envoyé par le shogunat sur l’île de Sukhavati, censée abriter l’élixir d’immortalité. Chacun est accompagné d’un membre de la famille Yamada Asaemon, des bourreaux ayant pour devoir d’exécuter leur criminel attitré au moindre faux pas. Parmi les criminels, Gabimaru “Le Vide” a survécu à toutes ses exécutions jusqu’ici, étant un ninja entraîné à survivre en toute circonstance. Arrivés sur l’île, chacun des couples assassin-exécuteur se retrouve face à une nature impitoyable, luxuriante en apparence mais bien assassine : insectes toxiques, monstres titanesques, sortes de divinités ratées, le tout dans une ambiance sanguinaire. Cette île est définitivement habitée, mais par qui ? Par quoi ? Le ton cauchemardesque est magnifié par le trait fin et sombre de Yuji Kaku, ancien assistant de T.Fujimoto sur Fire Punch

Là où dans cette œuvre, des mortels découvrent un espace isolé où une force divine semble avoir élu domicile, dans After God, les dieux sont devenus partie intégrante de la vie terrestre. Désignés comme IPO Idolatry Prohibited Organisms, ils occupent des zones interdites d’accès, où la jeune Waka va finir par s’introduire afin de retrouver son amie disparue… Un style graphique extraordinaire et détaillé nous impose la présence pesante de ces géants dans le Tokyo contemporain. 

Nous pouvons évidemment mentionner dans ce genre narratif les œuvres de Takeshi Obata comme Platinum End et le désormais culte Death Note, toutes deux abordant la question de la mort et du divin de façon plus métaphysique. Même le registre horrifique se voit savamment abordé par Gou Tanabe dans ses adaptations en manga des récits de H.P.Lovecraft, avec notamment L’Appel de Cthulhu. 


Dans la dynamique inverse, certains mangaka s’amusent à aborder de façon plus légère, comique, voire parodique, les mythes et religions existantes.

Dans Noragami, le protagoniste est une divinité déchue, faute de trouver des partisans à sa religion. Impopulaire auprès des humains comme des esprits en raison de son orgueil mal placé et de son égocentrisme, il n’exécute que les basses besognes de sa ville, tandis qu’il ne rêve que de popularité et de fortune. Un manga qui mêle comédie, drame et surnaturel, avec des personnages et un anti-héros extrêmement attachants.  

Kamisama School nous présente de la même façon une héroïne aux pouvoirs magiques puissants, mais à la réputation de loser. Nagi est la petite fille d’une kami qui fut admirée de tous, mais qui perdit la vie après un accident impliquant également son frère jumeau. Ce dernier était pourtant destiné à reprendre la tête du temple de leur village, mais n’ose plus sortir de chez lui depuis le drame. C’est après avoir éveillé ses pouvoirs que Nagi va être admise à l’école des kami, et va devoir se prouver dans un établissement ont tous ont des capacités extraordinaires qu’elle ne maîtrise pas. Léger, plein d’humour et de magie. 

On peut comparer à cette œuvre Divine Nanami, où l’on suit l’histoire d’une lycéenne crédule devenue déesse… par accident ? C’est en effet en étant accueillie dans un sanctuaire après avoir été abandonnée par son père, qu’elle va commencer à partager la vie de Tomoe, un démon-renard serviteur de la divinité gardienne des lieux, et des deux feux follets Mizuki et Kurama. 

Dans un style complètement décalé et empli d’un humour plus mature, Les Vacances de Jésus et Bouddha mêle culture religieuse, tranche-de-vie, et références à la vie japonaise contemporaine. L’expérience terrestre est bien différente de celle céleste, et les deux divinités devenues des touristes tokyoïtes comme les autres vont vivre des aventures banales pour le commun des mortels, mais extraordinaires à leurs yeux. Dans la même branche, Heaven’s Design Team nous plonge dans les coulisses de la création de la faune et flore, où l’équipe de designers doit redoubler de créativité pour peupler la Terre, mais tout de même s’adapter aux critères des ingénieurs divins… un manga loufoque et attendrissant. 


Intemporel et déclinable à toutes les sauces, le thème des divinités saura ravir toutes et tous. Peu importe le style narratif, que vous soyez amateur.ice d’horreur, de comédie, de combats épiques ou de romance, les dieux ont toujours quelque chose à offrir. 

Les divinités dans le manga