Giorgio SCERBANENCO
(1911-1969)
Le précurseur du "Noir" n'est autre que Giorgio
Scerbanenco qui, avec la création de son détective Duca Lamberti fera
date dans le paysage du polar italien. Avec ce personnage, Scerbanenco effectue
un virage à 180 degrés : après vingt ans de publications sentimentales destinées
à un public féminin (en tant que directeur de revues, auteur de feuilletons et
d'une rubrique du courrier du coeur), il n'invente rien de moins que le roman
noir ! Son personnage, radié de l'Ordre des médecins pour euthanasie, apparaît
pour la première fois en 1967 avec la parution de "Vénus privée". C'est
un héros généreux, chaleureux, confronté à un monde où règnent la violence et le
crime.Trois autres enquêtes suivront, dont "A tous les râteliers" qui reçut le
Grand Prix de Littérature policière en 1968, avant la mort prématurée de
Scerbanenco, terrassé par une crise cardiaque.
Carlo
LUCARELLI
Né à Parme en 1960, il est l'un des fondateurs du Groupe 13, qui
rassemble le meilleur des auteurs de polars italiens, qui prétendent renouveler
le genre. Ecclectique, il est également scénariste de bandes dessinées, metteur
en scène de clips vidéos et animateur radio d'émissions de faits divers. Parmi
ses protagonistes, on retiendra l'inspecteur De Luca, ancien commissaire sous le
régime fasciste, qui sert de prétexte à l'exploration du passé trouble de
l'Italie. L'inspecteur Coliandro, quant à lui, incompétent et vantard, arrive
par sa bêtise à mettre à mal... le mal ! Son dernier livre traduit en français
"Almost blue" montre une autre facette du talent de
cet auteur, déambulation nocturne aux accents de blues sur les traces d'un
serial killer.
Marcello
FOIS
Né en 1960 à Nuoro, il est avec Lucarelli le co-fondateur
du fameux Groupe 13. La Sardaigne de ses origines, sombre et torturée, donne à
ses histoires un ton et un climat particuliers. Dans le cadre d'une tétralogie
se passant dans la Sardaigne à la fin du XIXème, ll a créé le personnage
attachant de Bustianu, avocat de métier, dont les deux premiers volets ont été
traduits en français.En 1998,"Sempre caro", la première enquête de Bustianu, a été élue meilleur livre noir de
l'année en Italie.
Eraldo
BALDINI
A la fois écrivain, scénariste et essayiste, Baldini est peu connu
encore en France où seuls deux de ses livres ont été traduits ("Mal'aria"
et "Le tueur"). Il est sans doute le plus noir et le plus inquiétant de
ces nouveaux auteurs. Implacables mécaniques, ses romans mettent en scène les
ressorts psychologiques de l'inconscient, font appel au fantastique, suggèrent
des atmosphères angoissantes ou surréelles. Baldini a l'art de déranger son
lecteur : autant dans "Mal'aria", où les forces du mal sont incarnées par
les Squadristi mussoliniens, que dans "Le tueur", portrait clinique et glaçant d'un serial killer.
Cesare
BATTISTI
Engagé dans la lutte armée, membre des Brigades Rouges, condamné à
perpétuité, il s'évade de prison en 1981 avant de se réfugier au Mexique. Il vit
actuellement en France sous le statut (officieux) de réfugié politique. Ses
premiers romans paraissent dans les années 90. Il s'inspire de son passé
d'activiste : ainsi, son premier livre "Les habits d'ombre", qui ne se
prétend pas directement autobiographique, est une radiographie étonnante du
milieu des anciens brigadistes en exil. Battisti pose sur le monde un regard
ironique et désenchanté, lucide, dénué d'illlusion, hors de tout apitoiement, à
travers des thèmes récurrents tel le cynisme des grandes puissances ou
l'exclusion sociale.
Nino FILASTO
Né à
Florence en 1938, Filasto est avocat d'où sa parfaite connaissance des milieux
judiciaires et du marché de l'art. Son héros favori, Corrado Scalzi, est un
avocat florentin confronté à des histoires de trafic, de corruption, d'experts
véreux & manipulations en tous genres. Le plaisir que l'on prend à lire
Filasto tient pour beaucoup à son érudition : fin lettré, cultivé, il sait faire
partager sa sensibilité devant un tableau d'Uccello, une statue de Modigliani,
un paysage florentin.