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Macaroni, le polar à l'italienne

Publié le 22/01/2002
Les Italiens distinguent deux types de romans policiers : le "Giallo", qui privilégie l'enquête et le "Noir", plus récent, engagé dans le contexte social et politique. C'est dans ce dernier genre que se révèle toute une génération d'auteurs novateurs dont nous avons envie de parler ici.

Giorgio SCERBANENCO (1911-1969)

Le précurseur du "Noir" n'est autre que Giorgio Scerbanenco qui, avec la création de son détective Duca Lamberti fera date dans le paysage du polar italien. Avec ce personnage, Scerbanenco effectue un virage à 180 degrés : après vingt ans de publications sentimentales destinées à un public féminin (en tant que directeur de revues, auteur de feuilletons et d'une rubrique du courrier du coeur), il n'invente rien de moins que le roman noir ! Son personnage, radié de l'Ordre des médecins pour euthanasie, apparaît pour la première fois en 1967 avec la parution de "Vénus privée". C'est un héros généreux, chaleureux, confronté à un monde où règnent la violence et le crime.Trois autres enquêtes suivront, dont "A tous les râteliers" qui reçut le Grand Prix de Littérature policière en 1968, avant la mort prématurée de Scerbanenco, terrassé par une crise cardiaque.

 

Carlo LUCARELLI

Né à Parme en 1960, il est l'un des fondateurs du Groupe 13, qui rassemble le meilleur des auteurs de polars italiens, qui prétendent renouveler le genre. Ecclectique, il est également scénariste de bandes dessinées, metteur en scène de clips vidéos et animateur radio d'émissions de faits divers. Parmi ses protagonistes, on retiendra l'inspecteur De Luca, ancien commissaire sous le régime fasciste, qui sert de prétexte à l'exploration du passé trouble de l'Italie. L'inspecteur Coliandro, quant à lui, incompétent et vantard, arrive par sa bêtise à mettre à mal... le mal ! Son dernier livre traduit en français "Almost blue" montre une autre facette du talent de cet auteur, déambulation nocturne aux accents de blues sur les traces d'un serial killer.

 

Marcello FOIS

Né en 1960 à Nuoro, il est avec Lucarelli le co-fondateur du fameux Groupe 13. La Sardaigne de ses origines, sombre et torturée, donne à ses histoires un ton et un climat particuliers. Dans le cadre d'une tétralogie se passant dans la Sardaigne à la fin du XIXème, ll a créé le personnage attachant de Bustianu, avocat de métier, dont les deux premiers volets ont été traduits en français.En 1998,"Sempre caro", la première enquête de Bustianu, a été élue meilleur livre noir de l'année en Italie.

 

Eraldo BALDINI

A la fois écrivain, scénariste et essayiste, Baldini est peu connu encore en France où seuls deux de ses livres ont été traduits ("Mal'aria" et "Le tueur"). Il est sans doute le plus noir et le plus inquiétant de ces nouveaux auteurs. Implacables mécaniques, ses romans mettent en scène les ressorts psychologiques de l'inconscient, font appel au fantastique, suggèrent des atmosphères angoissantes ou surréelles. Baldini a l'art de déranger son lecteur : autant dans "Mal'aria", où les forces du mal sont incarnées par les Squadristi mussoliniens, que dans "Le tueur", portrait clinique et glaçant d'un serial killer.

 

Cesare BATTISTI

Engagé dans la lutte armée, membre des Brigades Rouges, condamné à perpétuité, il s'évade de prison en 1981 avant de se réfugier au Mexique. Il vit actuellement en France sous le statut (officieux) de réfugié politique. Ses premiers romans paraissent dans les années 90. Il s'inspire de son passé d'activiste : ainsi, son premier livre "Les habits d'ombre", qui ne se prétend pas directement autobiographique, est une radiographie étonnante du milieu des anciens brigadistes en exil. Battisti pose sur le monde un regard ironique et désenchanté, lucide, dénué d'illlusion, hors de tout apitoiement, à travers des thèmes récurrents tel le cynisme des grandes puissances ou l'exclusion sociale.

 

Nino FILASTO

Né à Florence en 1938, Filasto est avocat d'où sa parfaite connaissance des milieux judiciaires et du marché de l'art. Son héros favori, Corrado Scalzi, est un avocat florentin confronté à des histoires de trafic, de corruption, d'experts véreux & manipulations en tous genres. Le plaisir que l'on prend à lire Filasto tient pour beaucoup à son érudition : fin lettré, cultivé, il sait faire partager sa sensibilité devant un tableau d'Uccello, une statue de Modigliani, un paysage florentin.

Bibliographie