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MollatVox 25 : la voix des libraires

Publié le 26/11/2008
Dans la grisaille de l'hiver qui approche, que d'éclaircies littéraires !
Vanités, d'Elisabeth Quin, présenté par Paul Roger
D'Elisabeth Quin, on connaît l'érudite critique cinématographique. On connaît moins l'iconographe. C'est pourtant elle qui œuvre ici dans ce remarquable ouvrage. Vanités est donc une collection d'images et d'essais sur le thème de la Vanité, ce genre pictural voué à nous rappeler la fugacité des choses de ce monde. Auteure d'une bonne partie des textes, Mme Quin sait également laisser la place à d'éminents spécialistes quand cela est nécessaire. Au final, un beau et bon livre qui traite légèrement de la gravité et nous laisse comblés.

Corniche Kennedy, de Maylis de Kérangal, présenté par Fleur Aldebert
La corniche Kennedy est un petit bout de plage, aussi inhospitalier qu'il se peut faire, sis à Marseille. Là, venus des quartiers Nord de la ville, se retrouvent de jeunes gens qui défient l'ennui, le danger et les arrêtés municipaux dans des plongeons acrobatiques. Ce petit monde va être mis en émoi par l'arrivée d'une jolie Suzanne. Mais il ne sera pas le seul bouleversé. Sylvestre Opéra, flic mélancolique et résigné, va sentir renaître une vieille douleur mal soignée… Ce beau roman de Maylis de Kérangal décrit avec justesse le monde de l'enfance et de ce qu'il en demeure dans le cœur des adultes. Une réussite.

La fille de Carnegie, de Stéphane Michaka, présenté par Olivier Pène
Trois balles en plein visage et une chute depuis une loge, on ne s'en relève pas. Quand en plus cela se passe au Carnegie Hall pendant une représentation de la Flûte enchantée, ça fait franchement désordre. Robert Tourneur, flic, mène l'enquête et suspecte Mike Lagana, un ex collègue devenu détective privé. A son tour celui-ci accuse « la fille de Carnegie », Sandra, dans la loge de qui se trouvait la victime. Citant à la fois les classiques du roman noir ainsi que ses avatars post modernes, Stéphane Michaka, auteur dramatique, est fort à son aise avec ces personnages borderline et cette intrigue haletante.

Carnet de route, de Robert Porchon, présenté par Blandine Daurios
On le sait, les récits de guerre sont en ce moment fort prisés des lecteurs et des historiens. Robert Porchon était sous lieutenant. Il fut l'un des 500 000 soldats français tués au cours de premiers mois de la guerre. A l'évident intérêt de ces carnets, écrits par un officier subalterne coincé entre le marteau hiérarchique et l'enclume de la troupe, s'ajoute celui de la correspondance que la mère du soldat eut avec Maurice Genevoix et avec les supérieurs de son fils. Ainsi se dessine le portrait d'un officier, de ses hommes, de ses supérieurs et des raisons qui les conduisirent au massacre.

Ma grand-mère avait les mêmes, de Philippe Delerm, présenté par Vincent Moreau
Poète de l'infra ordinaire, Philippe Delerm s'attache dans ce livre aux mille lieux communs, souvent placés dans la conversation par défaut. Ces petites phrases ambiguës qui ne veulent pas nous engager, ces riens qui ne voudraient pas dire grand-chose mais sont, pour l'auteur - et pour son lecteur, une fois l'ouvrage achevé – bien bavards sur nos travers et nos paresses.

Le lièvre de mon grand-père, d'Alexandre Dumas, présenté par Stéphanie Crouzet
Dans la jungle des collections de poche qui naissent et meurent par poignées depuis maintenant quinze ans, il en existe une un peu particulière qui ne doit sa pérennité ni aux fonds de pension américains ni à la fortune d'un riche mécène. Il s'agit de la collection Motifs, du Serpent à Plume qui depuis quinze ans déploie un catalogue de raretés, de classiques oubliés et de découvertes francophones et étrangères à faire pâlir plus d'un éditeur primé. Le lièvre de mon grand père, d'Alexandre Dumas est en cela représentatif de l'esprit des lieux puisqu'il s'agit d'une œuvre oubliée d'un auteur célèbre et qu'elle est ici magnifiquement présentée par le regretté Francis Lacassin, pape des littératures populaires et merveilleux éditeur.