Niki de Saint Phalle / Jean Tinguely

Frida Kalho/Diego Ribera, Unica Zürn/Hans Bellmer, Nathalie Gontcharova/Michel Larionov, Hanna Hoch/Raoul Hausmann, Jeanne-Claude/Christo... les couples d'artistes ne furent et ne sont pas rares et témoignent dans l'amour et dans l'art d'une vision souvent commune. Cette communion à première vue évidente semble cependant toute singulière chez Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely.

Cette artiste française et cet artiste suisse se rencontrent dans les années 60 et participent à l'émergence du groupe des "Nouveaux Réalistes". Leurs œuvres respectives semblent pourtant les opposer : lui crée des sculptures métalliques abstraites aux ferrailles foisonnantes, saillantes et étiques. Il les dote souvent d'un moteur qui les anime d'une façon toute artificielle. Elle use de céramique, de verre, de polyester très colorés pour créer des femmes plantureuses aux rondeurs généreuses ou des formes organiques opulentes dont l'immobilité ne trahit en rien leur aspect vivifiant et ludique.
Leur collaboration outre leurs parcours individuels se manifeste dans leur intérêt pour la monumentalité et la création in situ. Si certaines de leurs réalisations communes jouent sur le contraste de leurs univers, comme Le Paradis Fantastique, La Fontaine Stravinsky ou La Fontaine de Chateau-Chinon, d'autres affirment une étonnante complémentarité : Le Jardin des Tarots ou Le Cyclop par exemple. Prenons cette dernière œuvre érigée en pleine nature à Milly-la-Forêt, sculpture de 22 mètres de hauteur et de 300 tonnes imbriquées dans des chênes (pour plus d'images, je vous renvoie à l'album créé sur la page Facebook de la librairie : facebook.com/Librairie.mollat). Tinguely lui offre sa structure métallique robuste et son mécanisme énigmatique quand N. De Saint Phalle élabore la face tout aussi étrange du Cyclop en milliers d'éclats de miroirs qui reflètent les éléments naturels environnants.

Une œuvre fascinante qui donne envie d'aller plus loin dans la découverte de ce couple à l'art enchanteur.