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Orson Welles, un géant du Cinéma

Un dossier de
Publié le 10/10/2025
Orson Welles demeure l'une des figures les plus fascinantes de l'histoire du cinéma. Arrivé à Hollywood en 1940 avec une réputation déjà établie au théâtre et à la radio, ce prodige de 25 ans allait bouleverser à jamais les codes du septième art. Son génie réside dans sa capacité à transcender les limites narratives et visuelles du cinéma de son époque, créant un langage cinématographique révolutionnaire qui influence encore les réalisateurs contemporains.

Le génie moderne de Welles 

Welles révolutionne le langage cinématographique par ses innovations audacieuses. Sa maîtrise de la profondeur de champ dans Citizen Kane, rendue possible par l'utilisation d'objectifs grand-angle, transforme la narration visuelle en permettant de maintenir nets simultanément le premier plan et l'arrière-plan. Cette technique brise la convention du montage classique en intégrant plusieurs niveaux narratifs dans un seul plan.
Fort de son expérience radiophonique, Welles comprend que le son peut sculpter l'espace cinématographique. Les échos dans Xanadu, les voix qui se chevauchent, les silences calculés créent une dimension sonore qui enrichit l'expérience du spectateur. Son usage révolutionnaire des angles de prise de vue - plongées et contre-plongées extrêmes - exprime les rapports de force et l'évolution psychologique des personnages, créant une grammaire visuelle devenue référence.
Cette modernité narrative se manifeste également par son traitement du temps cinématographique. Welles maîtrise l'art de l'ellipse et du flash-back, créant des récits polyphoniques où la vérité émerge par strates successives. Dans La Splendeur des Amberson , la décrépitude de l'aristocratie américaine s'exprime à travers une temporalité fragmentée qui fait écho à la désintégration sociale qu'il dépeint. Cette approche influence directement la Nouvelle Vague française et le cinéma d'auteur moderne.
L'aspect visionnaire de Welles se révèle aussi dans sa capacité à anticiper les évolutions du cinéma. Ses expérimentations avec les longs plans-séquences, notamment dans "La Soif du mal, annoncent les recherches formelles des décennies suivantes. Son utilisation de la steadicam avant la lettre, ses mouvements de caméra virtuoses et sa conception de l'espace filmique comme un organisme vivant préfigurent les innovations techniques contemporaines.

Welles et Shakespeare

L'œuvre de Welles entretient une relation passionnée avec Shakespeare, révélant une dimension essentielle de son génie artistique. Dès ses débuts théâtraux, Welles fait de Shakespeare son territoire de prédilection, proposant des mises en scène révolutionnaires comme son Macbeth de 1936 avec une distribution entièrement noire. Cette approche transgressive révèle sa capacité à actualiser les classiques sans les trahir. 
Au cinéma, ses adaptations shakespeariennes - Macbeth (1948), Othello (1951) et Falstaff (1965) - témoignent d'une compréhension profonde de la dramaturgie élisabéthaine qu'il transpose avec génie dans le langage cinématographique. Welles ne se contente pas d'adapter : il réinvente, utilisant les ressources du cinéma pour explorer la psyché des personnages shakespeariens comme l’attestent les cadrages expressionnistes dans Macbeth, les compositions picturales dans Othello ou la mise en scène intimiste de Falstaff. Cette filiation shakespearienne éclaire l'ensemble de son œuvre : la complexité psychologique de Kane, la dimension tragique de ses héros déchus, sa fascination pour le pouvoir et la corruption trouvent leurs racines dans l'univers du dramaturge anglais. 

Son statut d'auteur total, écrivain, réalisateur, producteur et interprète de ses films a établi un modèle de cinéma indépendant qui résonne encore aujourd'hui malgré son intransigeance créatrice qui lui a valu des difficultés de production sans nom.

Catalogue de l'exposition à la cinémathèque de Paris

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