En janvier 2008 sont arrivés en librairie les premiers titres d'une nouvelle maison d'éditions : Sonatine. En exergue de leur catalogue, un avant-propos de François Verdoux présentant sa ligne éditoriale : " Sonatine Editions, baptisée ainsi en hommage à la forme musicale douce de la sonate et aux films de yakuzas, a pour ambition de tenir ce paradoxe fondateur et de concilier à travers sa production éditoriale culture et contre-culture, courants continus et alternatifs. Nous publierons ainsi une dizaine de titres par an, principalement axés sur le domaine de la culture, de l'image et du spectacle. Cette production inclura fictions, beaux-livres et documents. Sonatine se propose également d'ériger de nouveaux ponts entre les mondes de l'image, de la musique et du livre, avec pour seul mot d'ordre celui d'un point de vue subjectif et jamais tiède sur le monde. Notre production 2008 reflète cette volonté : on y trouve pêle-mêle des romans hollywoodiens (Toujours L.A. Junket), de la littérature de genre (Un sur deux, Dope, Seul le silence), des incursions dans le monde du crime et du poker (Homicide spécial, Joueur-né), une enquête dans le monde du cinéma (Mesrine, trente ans de cavale au cinéma) et de singulières mémoires (Al Pacino par Al Pacino, David Lynch». Le pari semble réussi car un an plus tard, l'éditeur remercie «libraires et journalistes pour leur soutien au cours de cette première année d'existence. L'accueil enthousiaste que vous nous avez réservé nous permet aujourd'hui de poursuivre l'aventure avec encore plus d'envie, encore plus de soif de partager avec vous nos découvertes ".

Quant à nous, libraires, d'emblée nous avons été séduits par le graphisme de la collection : des couvertures superbes,  une illustration bien choisie, un lettrage sobre, plaisir de l'objet livre en lui-même. Rien à redire non plus quant aux auteurs : pour la plupart traduits pour la première fois en France -  découverte totale donc  – et aucune déception en ce qui concerne l'équipe du rayon Polar qui, pêle-mêle, a lu avec bonheur les thrillers manipulateurs de Steve Mosby, le polar drôlatique de l'acteur Hugh Laurie, le roman culte de Shane Stevens, le polar historique et flamboyant de Tim Willocks, le roman hard-boiled de Sara Gran, le polar d'espionnage sur fond de jeu d'échecs de Ronan Bennett et, venons-y, les deux titres du Britannique R.J. Ellory : Seul le silence et Vendetta, que nous aimons et défendons avec conviction. Roman atypique, au-delà du polar, Seul le silence frappe tout d'abord par sa qualité d'écriture : on n'est pas loin du grand Truman Capote écrivant De sang-froid mais, au-delà de l'intrigue – des meurtres de fillettes – plusieurs histoires s'entrecroisent de manière époustouflante.

Le nouveau livre de Ellory, Vendetta, très différent, mais au style toujours aussi impeccable, nous entraîne dans les arcanes d'une fiction trouble aux accents réalistes : à la Nouvelle-Orléans, le cadavre du garde-du-corps de la fille du gouverneur est retrouvé mutilé dans une voiture, étrangement tatoué de la constellation des gémeaux. La mise en scène sordide rappelle alors qu'un coeur arraché est signe de trahison chez les mafieux italiens. S'ensuivra, entre la police, le FBI et le kidnappeur un palpitant jeu du chat et de la souris, doublé d'une confession du tueur qui renvoie aux Etats-Unis son Histoire en miroir.

L'ampleur des thèmes qu'aborde son oeuvre - que nous ne faisons que découvrir en France – associée à la beauté de sa langue nous réjouissent d'autant plus de recevoir l'auteur dans nos murs le 29 septembre prochain, afin de lui déclarer tout le bien que nous en pensons. Il nous tarde déjà de savoir quand paraîtra le prochain titre – nous ne manquerons pas de lui poser la question lors de sa venue.



Image : RJ Ellory (D.R.) Source : Sonatine Editions