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Plions, pliez ou l'art de l'origami

Publié le 04/01/2008
Chacun d'entre nous a un jour pratiqué l'origami peut-être sans le savoir, comme Monsieur Jourdain fait de la prose... Alexandrine Castellon, spécialiste de l'Origami, a déjà ravi nos jeunes visiteurs par ses pliages poétiques. Elle sera de retour parmi nous, pour un après-midi Origami, le 12 janvier.

Qui n'a pas fait, à partir d'une simple feuille de papier, un avion ou une salière, un bateau, un chapeau ou encore une cocotte ? Ces pliages, issus d'une feuille marquée de plis -plis vallée ou plis montagnes, déjà tout un voyage !- sans qu'elle soit ni coupée ni collée pour permettre la représentation-figurative ou non- de toutes sortes de modèles jusque dans leurs plus complexes variations, sont pourtant nés d'une tradition plus que millénaire, celle de l'origami.

Si l'on s'accorde à dire que l'origami est né en Chine, c'est surtout parce que les Chinois sont les inventeurs de l'élément indispensable à sa pratique : le papier. Arrivé au Japon par le biais des échanges commerciaux, amélioré par l'utilisation de l'écorce de mûrier, le papier sert dès lors à la confection d'offrandes, petites sculptures de papier plié, lors des cérémonies religieuses. Des pliages de papillons blancs, mâles et femelles, sont par exemple utilisés pour les cérémonies nuptiales.

Rappelons que dans l'éthymologie du mot origami -ori : pliage, kami : papier-, le mot kami est homonyme du mot "esprit" ou "dieu".

Origami

Autrefois
Vers l'an 1000, le papier plié s'étend à toute la société. Tout en restant un symbole fort dans la vie spirituelle, il devient une activité de loisirs pour les enfants, les femmes et les membres de la classe "oisive" . Les ouvrages les plus reproduits à ce moment-là sont ceux qui sont restés vivaces dans la tradition -même si la transmission de ce savoir ne s'est faite qu'oralement jusqu'au XVIIIème siècle- : la grue, la grenouille et le crabe. Les femmes, quant à elles, utilisent l'origami dit "utilitaire" pour la présentation des offrandes dans des coupelles de papier plié.

Le moyen-âge voit l'éclosion, semble t-il en Espagne, de la célébrissime "pajarita de papel" -la cocotte- devenue symbole du désoeuvrement de l'écolier ou de l'employé de bureau garnissant aussi discrètement qu'inlassablement son bureau d'une paisible basse-cour.

Si le terme d'origami est utilisé au XVIIIème siècle pour désigner les pliages ludiques-avec pour la première fois la publication d'un ouvrage explicatif Comment plier 1000 grues de Senbazuru Orikata-, il se généralise au XIXème siècle avec son apparition officielle dans l'enseignement en 1882. Comment en effet mieux aborder la géométrie qu'en en manipulant concrètement les figures ? C'est ce que continuent à démontrer aujourd'hui encore les travaux de Didier Boursin par exemple.

Si l'origami est désormais présent sur les cinq continents et connaît un engouement croissant, c'est sans doute beaucoup grâce à celui qui fait déjà, de son vivant, figure de légende : Akira Yoshizawa. Considéré comme le père de l'origami moderne, oeuvrant depuis les années 30 pour transmettre les figures traditionnelles tout en étant l'insatiable créateur de figures inédites, il est celui qui va révolutionner la transmission de son art par l'invention du système répandu dans tous les manuels : l'explication du pliage par les dessins de lignes continues ou en pointillés et de flèches -le fameux "solfège" dans le jargon des amateurs.

S'il s'est mondialisé, l'origami fait plus que jamais partie intégrante de la culture japonaise où la grue est considérée comme symbole de paix.

 

Origami

 

Légende
"Quiconque pliera 1000 grues de papier vera son voeu le plus cher se réaliser" dit la légende.
C'est la tâche à laquelle s'attela Sadako Sasaki, petite japonaise victime de la bombe d'Hiroshima. Devenue "hibakusha" -survivante-, elle mourut en 1955 après avoir plié 644 grues. Ces camarades plièrent les oiseaux manquants et elle fut enterrée avec la guirlande de 1000 grues enfin achevée. Une statue la représentant est érigée dans le parc de la paix d'Hiroshima et honorée tous les ans par l'offrande de guirlandes d'origami. La légendes des 1000 grues est très vivace au Japon où il est de tradition de faire ce pliage pour souhaiter le rétablissement d'un malade et lui amener du réconfort.

L'origami fascine tout autant les artistes que les industriels de l'emballage,les rêveurs que les designers à la recherche d'épure ou encore les mathématiciens. Certaines créations d'artistes spécialisés dans cet art délicat font même l'objet de dépôt de brevet, d'autres sont signées comme le sont des sculptures.

Art pour les uns, simple distraction pour les autres, l'origami est accessible à tous les âges, à toutes les bourses. Encore faut-il de la patience, un peu d'agilité au bout des doigts, un peu d'application, beaucoup de pratique et...une feuille de papier ou, pour les plus téméraires, un ticket de métro !

Petits et grands, à vos marques... Pliez !

Origami



Crédit : les images qui illustrent ce dossier ont été empruntées à Origami, de Sophie Glasser et Marie François, ed. Marabout

Bibliographie