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Réfugiés

Publié le 22/06/2016
Cinquante-et-un-millions-deux-cent-mille ! C'est le nombre d'hommes, de femmes et d'enfants qui, selon les Nations-Unies, sont aujourd'hui contraints à vivre sur une terre qui n'est pas la leur.

Tel est le constat accablant fait par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en 2016 après une année record qui a vu leur nombre grimper à 60 millions en 2015.

Mais ces chiffres, si choquant soient-ils, tendent parfois à masquer la réalité des vies et des histoires au prise avec cette tragédie.

Arte est à l'initiative d'un projet ambitieux et ô combien nécessaire mettant en lumière le quotidien de 5 camps à travers le monde au Népal, au Liban, en Irak, au Tchad et en France ; et pour signifier que ce sont bien des humains et non des nombres ou des dégâts collatéraux de la géopolitique qui sont derrières ces murs, la chaîne franco allemande a demandé des reportages à des artistes de tous bords : dessinateurs, romanciers, photographes et cinéastes.
De cette impulsion sont nés depuis un an et demi des documentaires dont celui en 2014 de Régis Warnier, "Let my people go", réalisé au Népal, mais aussi un site internet info.arte.tv/fr/refugies), et enfin un superbe livre.

"Beaucoup d'enfants commencent par dessiner le grillage qui entoure le camp. C'est ici que s'arrête leur monde pour les mois à venir." Cette phrase, terrible, nous est rapportée par le dessinateur allemand Reinhardt Kleist qui dans son reportage dessiné retranscrit un dessin d'enfant du camp de Kawergost au Kurdistan.
Rares sont les ouvrages comme celui-ci qui savent rendre compte des conditions de vie des populations réfugiées parfois aux confins de l'absurde ; de l'atmosphère qui règne dans ces camps comme en témoignent parfaitement les photos et les dessins ; quant aux textes magnifiques d'Atiq Rahimi et de Laurent Gaudé, ils nous parlent de chagrin, de guerre, de vie en suspens.

Comme le dit si bien Fatou Diome, " notre liberté sera insatisfaisante tant qu'elle sera interdite à nos semblables ! Personne ne peut apprécier un festin au milieu des affamés ; or le manque de liberté est la pire des faims."
Ce livre nous rappelle qu'il n'y a pas une catégorie de gens condamnés à souffrir ; et les regarder en tant que spectateurs ne doit pas nous faire oublier à quel point nous sommes privilégiés.