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Saint François d'Assise et les Franciscains

Publié le 24/09/2009
L'année 2009  marque la commémoration du huitième centenaire de la naissance de l'ordre des Franciscains et le début d'une aventure monastique et spirituelle qui continue d'exercer une influence considérable sur le christianisme. L'occasion pour nous de revenir sur le parcours étonnant de son fondateur, Saint François d'Assise, qui, canonisé à peine deux ans après sa mort, reste l'un des personnages les plus marquants de la mystique chrétienne.
C'est en 1182, que Pierre Bernardone, de retour d'un voyage en France, découvre son fils premier-né et décide de le prénommer François (c'est-à-dire Français en italien). Riche marchand, ayant fait fortune dans le commerce de luxe, il subvient aisément aux besoins de sa famille installée à Assise, en plein cœur de l'Italie.
François devient rapidement un jeune homme mondain, d'un tempérament affable et joyeux, et organise de nombreuses fêtes. Influencé par les romans courtois et attiré par l'idéal chevaleresque alors très en vogue, François se destine d'abord à une carrière militaire. En 1202, il participe à une guerre opposant Assise et la ville de Pérouse, mais il est fait prisonnier et reste un an en captivité.
De retour chez lui, François délaisse peu à peu la vie mondaine, et passe de plus en plus de temps dans les églises autour d'Assise. Un jour, dans une chapelle, priant devant un crucifix, il entend le Christ s'adresser à lui et lui demander de «réparer son église». Cette expérience mystique marque le début de sa conversion.

La naissance de l'ordre des «Frères mineurs»
Le bouleversement qui s'opère chez le jeune homme, alors âgé de 23 ans, est profond. Son ambition chevaleresque se transforme en ambition spirituelle: servir l'Église en rendant manifeste la beauté et la nouveauté de l'évangile et apporter une attention particulière aux pauvres et aux nécessiteux.  
François entreprend immédiatement la restauration de la chapelle, et finance le projet par la vente d'étoffes, ce qui suscite la colère de son père.
Trois ans plus tard, François a une deuxième révélation qui vient couronner sa longue maturation spirituelle. La lecture d'un évangile dans lequel le christ confie à ses apôtres une mission de prédication révèle au jeune homme la forme d'existence qu'il recherchait: vivre la pauvreté et l'errance dans le monde.
Commence alors pour François une vie itinérante vouée à la prédication, dans un dépouillement extrême: vêtu d'habits rudimentaires, il pratique la mendicité, se consacre à divers travaux manuels et s'occupe de soigner les lépreux. Il est rapidement rejoint par des compagnons, mais ne songe pas à fonder un ordre religieux. Il s'agit d'une confrérie de laïcs, une «fraternité», à la fois austère et gaie, qui prône les enseignements de la Bible et vante à qui veut bien l'entendre toute la beauté de la Création.
En 1209, soit un an après le début de leur prédication, François et ses compagnons reçoivent de la part du Pape innocent III l'autorisation officielle de prêcher et rédigent une première «règle», qui sera par la suite plusieurs fois remaniée.
En 1212, une jeune fille d'Assise prénommée Claire, désireuse de  partager l'aventure spirituelle des «Frères mineurs», vient trouver François et avec son aide fonde l'ordre des Pauvres Dames, plus tard appelé les Clarisses.

L'aventure de la prédication
Pendant dix ans, la fraternité entreprend des missions à travers l'Italie, au-delà des alpes et Outre-mer et reçoit un écho de plus en plus favorable de la part de la population. En 1219, François va même jusqu'à se rendre en Égypte pour rencontrer le sultan qui le reçoit avec la plus grande courtoisie, alors que la guerre fait rage entre les Arabes et les Croisés. Même si cet épisode est resté sans lendemain, il aura marqué les esprits et contribué à faire du «petit pauvre» un des précurseurs du rapprochement inter-religieux.
De retour en Italie, François doit régler des conflits au sein de la fraternité, traversée par des tendances contradictoires. Il perd alors peu à peu la direction administrative et spirituelle de la fraternité, qui se transforme progressivement en un ordre religieux classique. En 1223, elle se dote d'une nouvelle règle, ou les aspects poétiques, ainsi que des éléments caractéristiques de l'esprit franciscain tels que le travail manuel, le service aux lépreux et la pauvreté font place à une organisation juridique plus édulcorée.
François, rendu presque aveugle par une grave maladie des yeux contractée en Orient, a tendance à fuir ses frères et se retire de plus en plus dans la solitude. Un jour, reclus sur une montagne, François a la vision d'un ange avec l'image d'un homme crucifié entre ses ailes. C'est à cette occasion qu'il aurait reçu les stigmates du Christ.
Son état de santé continue de se dégrader, et au cours de l'été 1226, François commence à rédiger son testament. Il meurt le 3 octobre de la même année, à l'age de 44 ans. Deux ans plus tard, le nouveau Pape Grégoire IX, ami du «povorello», proclame officiellement la sainteté de François par une bulle de canonisation.

Les voies spirituelles de Saint François d'Assise
Saint François a laissé de nombreux écrits qui nous permettent d'avoir une vision assez précise de ses conceptions de Dieu, de l'être humain et du christianisme comme voie spirituelle. Ce qui ressort essentiellement, c'est la puissance de sa personnalité, son fort engagement dans sa mission et son autorité spirituelle. Pourtant, François n'a pas fait d'étude et se méfiait du travail intellectuel, susceptible, comme l'argent, de devenir source d'orgueil ou de tensions. Ses connaissances religieuses, il les a apprises par la participation à la liturgie et par le biais de conversations. Ses écrits sont en général très peu liés au contexte culturel de son époque, mais puisent directement aux sources du christianisme: les citations bibliques sont nombreuses, toutes restituées dans leur pureté originelle, en dépit d'une formation théologique limitée.
Le recours au travail manuel et à la pauvreté était pour François une manière de pousser à l'extrême une  identification à Jésus qu'il a commencé à éprouver lors de sa prière mystique face au crucifix et plus tard en se plongeant dans la lecture des évangiles. Le dépouillement comme mode d'existence représente l'expression la plus pure de l'Amour de dieu. Pour Saint François, si l'aventure spirituelle chrétienne a un but, c'est l'abandon de toute vanité et de toute prétention au profit de la pureté et de la simplicité du cœur.
Les louanges, notamment celles qu'il adresse à la Création, sont  pour le «petit pauvre» une autre voie privilégiée dans l'adoration de Dieu. Dans son Cantique des Créatures, composé à la fin de sa vie, François «fraternise» avec le soleil, la Lune, le vent, l'eau ou le feu, et cette incroyable proximité avec la nature, qui fera plus tard de lui le saint patron de l'écologie, a opéré un rapprochement inattendu entre l'Église et l'environnement.


Illustration : Madone à l'Enfant et les Saints, Tempera sur bois, 1445, Musée des Offices, Florence.
Source : Wikimedia Commons

Bibliographie