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Vladimir Veličković (1935-2019)

Une actualité de Jérémy Gadras
Publié le 30/08/2019
« En fait je peins ce que l’homme fait à l’homme » Disparition du peintre, graveur et dessinateur Vladimir Veličković.

Né à Belgrade en 1935, Vladimir Veličković s'installe définitivement à Paris en 1966 et devient entre 1983 et 2000 chef d’atelier à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris avant d'être élu à L’Académie des Beaux-arts en 2006.

Peintre des âmes sombres, des infortunes existentielles et des corps sombrant dans les fanges d'un monde résolument moribond et malade, Vladimir Veličković n'aura eu de cesse de dépeindre l'homme dans sa cruauté et fragilité la plus abrupte, son horreur et sa brutalité, parfois dans sa plus grande simplicité et pauvreté corporelle, sans concession, sans sublimation et s'épargnant tout pathos excessif.
Corps sanguinolents, corps crucifiés et pendus, suppliciés, écorchés et déchirés dans des entrelacements, heurts ou suspensions chaotiques, l'homme en proie à la rage de chiens apocalyptiques ou aux rats et corbeaux affamés: c'est obstinément à un danses des ténèbres baignées de noirs profonds et d'un récit quasi apophatique que nous convient les œuvres de Vladimir Veličković.
Frère d'âme d'un Cioran, usant des pinceaux pour mieux hurler la bêtise et la barbarie de l'homme, mieux dépeindre un Prométhée moderne mué en un simple organisme friable et morcelable, ses œuvres picturales hautement philosophiques resterons à jamais dans la mémoire éternelle et inébranlable de l'histoire de l'art du Xxe et XXIe siècle.

Une peinture aussi sublime qu'efficace d'une maître de la Figuration narrative.

La base de tout mon travail est constituée de cette mémoire subjective, en regard des errements réels et des menaces possibles, malheureusement quotidiennes sur l’avenir... Modestement, avec mes moyens, qui sont ceux du peintre, j’essaie de poser mon regard sur le monde et celui-ci me renvoie une multitude d’informations et d’images qui en effet ne sont pas moins terrifiantes que celles du passé. Ce qui m’oblige, humainement, intellectuellement à réagir et en quelque sorte à répondre par l’image, tout en restant conscient que la représentation de l’horreur ne suffit pas à dire l’horreur… ce qui me contraint à hurler par l’image en réponse à ce que je vois, à ce que j’entends, à ce que je vis. Mon iconographie est faite de cette réalité infernale.
(Entretien avec Évelyne Artaud).

Essais et biographies

Illustrés par Vladimir Veličković