Roman fiction qui a pour sujet le travail de surveillance des automatismes qui régissent le fonctionnement de l'industrie pétrolière. ©Electre 2024

Quelles sont les peurs des hommes à l'ère des grandes performances industrielles ? Quelle est la vie de ceux qui sont chargés de conduire ces machines surpuissantes aux automatismes sophistiqués qui ont certes permis une extraordinaire maîtrise des risques sans toutefois supprimer l'éventualité des catastrophes ? Et d'abord, qu'est-ce qu'une catastrophe et comment se produit-elle ? C'est ce qu'explore ce récit. A partir d'une transposition romanesque qui a pour toile de fond l'explosion du craqueur catalytique de la raffinerie de La Mède en 1992 ayant entraîné la mort de six personnes, on voyage à l'intérieur de l'entreprise et dans la vie d'un opérateur.

Le roman décrit ce que le travail de surveillance induit sur son psychisme et sur son comportement. Dans le contact quotidien avec les instruments de conduite d'installations surpuissantes, son rapport au monde se distend, se déréalise, il en vient à perdre jusqu'à la sensation d'exister. Ce processus de dépossession est particulièrement observable pendant les conditions normales de marche, moments de production durant lesquels, une fois les consignes affichées, l'opérateur semble inutile et inactif.

C'est à l'occasion d'incidents, quand le cycle de production est en voie d'interruption, que sa participation au rétablissement des conditions normales de marche est réclamée. La plupart du temps son intervention fait appel à l'expérience et à la routine, mais certains incidents plus «critiques» peuvent l'inciter à davantage de zèle et l'entraîner à rivaliser avec la technologie comme pour prendre une revanche sur elle. La tentation de faire mieux que la machine prend le dessus sur sa passivité. Cela peut l'entraîner à enfreindre certaines consignes de sécurité. La catastrophe n'est pas loin.

Cependant la fiction, qui nous a rapproché d'une conduite technique et humaine de la raffinerie, nous a fait perdre de vue en quoi la conduite financière était porteuse d'un danger bien réel celui-là, puisque le rapport d'enquête sur la catastrophe de La Mède en 1992 lui en attribue l'entière responsabilité.