Après sa traversée du Sahara en 1953, l'auteur s'aventure seule, avec les moyens du bord, sur le continent noir. Les Africains l'accueillent dans leurs communautés, et lui font partager leur vie, leurs coutumes, la mêlent à des rites parfois secrets. L'originalité de cette tranche d'histoire provient non d'un ethnologue mais d'une voyageuse immergée dans les cultures de l'Afrique occidentale. ©Electre 2025

Après sa traversée du Sahara, en 1953, Madeleine Joret s'aventure, seule, avec les moyens du bord, sur le continent noir : Niger, Soudan, Guinée, Côte-D'ivoire, Haute-Volta, Dahomey, Togo... Pendant sept années consécutives, avec une intrépidité et une témérité rares, en dépit des difficultés souvent créées par l'Administration, elle nous entraîne à travers cités et villages dans un cadre de savanes, de forêts et de lagunes. Les Africains l'accueillent au sein de leurs communautés, lui font partager leur vie, leurs coutumes, la mêlent à des rites parfois secrets auxquels jusqu'alors bien peu de voyageurs avaient eu accès.

Tel est l'objet du présent récit qui séduira le lecteur, autant par les appréciations très personnelles et pertinentes de l'auteur que par ses contacts prolongés, souvent audacieux avec des représentants des diverses couches des sociétés africaines : chefs coutumiers, cultivateurs et artisans, devins et féticheurs, voire sorciers et sorcières, lettrés musulmans et marabouts, missionnaires, citadins, hommes politiques (elle participe à une campagne électorale d'Houphouët-Boigny).

Il s'agit au sens fort d'une véritable "mémoire", d'une tranche d'histoire, dont l'originalité provient non d'un ethnologue mais d'une voyageuse totalement immergée dans les cultures multiples de l'Afrique occidentale aux aspects captivants et mystérieux dont certains ont à jamais disparu.

Les Africains de toutes ethnies qui sont devenus les amis de Madeleine Joret, ainsi que de nombreux officiels de l'Administration française, ont rapidement perçu combien il était important que son témoignage soit un jour publié. Ainsi Bamara Gbon Coulibaly, fils du Grand Chef de Province des Sénoufo, lui écrivait en ces termes émouvants :

Tous ces efforts que vous avez faits misérablement à travers les chemins en franchissant les collines et les marigots, c'est une oeuvre que vous faites pour nous et pour nos enfants. Car plus tard ces moeurs et ces coutumes disparaîtront. Dans ce cas, Chère Madame, je me dois de vous remercier de tout mon coeur.

Depuis trente ans l'Afrique connaît des bouleversements sans nombre, dont l'ex A.O.F. a été jusqu'à maintenant préservée. Ce livre paraît au moment utile, à l'aube du XXI^e siècle, alors que la sauvegarde des traditions africaines est plus actuelle que jamais. Elle est en effet essentielle pour les Africains eux-mêmes, et pour leur apport au patrimoine de l'humanité.

Un album de 640 photos inédites, que Jacques Godfrain appelle le trésor de Madeleine Joret, est paru en même temps que le présent récit aux Editions l'Harmattan.