Qu'il soit naturel ou artificiel, le bitume est l'un des matériaux les plus importants de l'Antiquité. Il sert à recouvrir les routes, à envelopper les momies, et on façonne des sculptures dans sa matière. Cet ouvrage propose une synthèse sur l'histoire de son utilisation. ©Electre 2025

Le Bitume dans l'antiquité

Ce livre comble un vide en la matière. Il a la particularité d'avoir été écrit par un chimiste, spécialiste de géochimie organique pétrolière, dont la carrière professionnelle s'est déroulée dans une grande entreprise pétrolière, Elf Aquitaine Production, où il occupait le poste d'expert international. De l'étude des roches-mères, des huiles de production, des asphaltes aux bitumes archéologiques, il n'y eut qu'un pas à franchir, porté par la passion de l'histoire.

Le bilan qui est présenté synthétise plus de vingt années d'analyse du bitume de nombreux sites archéologiques et d'indices pétroliers de surface où les hommes de l'Antiquité sont venus s'approvisionner. Il englobe une vaste région géographique qui recouvre la Syrie, la Turquie, l'Iran, L'Irak, Israël, l'Egypte et le Golfe, et concerne un intervalle temps qui démarre au Paléolithique (vers 70 000 av. J.-C.) et s'achève à l'époque médiévale (vers 1400 apr. J.-C.).

L'auteur développe les thèmes classiques de l'archéologie du bitume en traitant toutes les utilisations de ce matériau phare au Moyen-Orient, depuis les plus prosaïques, comme agent d'étanchéité ou colle, jusqu'aux aspects plus inhabituels, comme la médecine ou la magie. L'histoire de l'art a aussi sa place car le bitume a servi pour élaborer des mosaïques décoratives, et comme support pour sculpter la magnifique collection des objets en « mastic de bitume » de Suse, actuellement au Louvre. Le bitume a aussi fait l'objet d'un commerce lucratif que révèle la diversité des terminologies employées par les Sumériens. Sa valeur marchande a stimulé des échanges lointains, véritables transferts de technologie de la Mésopotamie vers le golfe Arabo-Persique, où il a irrigué les comptoirs côtiers de sa rive Sud.

Il est réservé une place particulière au problème de la momification dans l'Egypte antique et à l'utilisation du bitume dans les baumes de momies humaines et animales et les objets funéraires (sarcophages, coffrets à canopes, statues d'Osiris, etc.). La présence de bitume, en particulier celui de la mer Morte, dans les baumes de momies égyptiennes est démontrée. Un chapitre fait le point sur « le mastic de bitume » de Suse qui n'est pas un mélange artificiel de calcite et de bitume mais une roche naturelle, un asphaltite comparable à ceux de la région d'Irnak, en Turquie, qui s'exploitent en filons et remplissages de failles.

Le panorama du bitume antique aurait été incomplet sans une incursion sur d'autres continents : chez les Olmèques du Mexique, les Indiens chumashs de Californie et les populations de la civilisation de Jômon au Japon. L'ouvrage s'achève avec une réflexion sur le bitume aujourd'hui, car il est encore un matériau de notre quotidien. Une attention toute particulière a été réservée aux illustrations, très nombreuses, tout au long de l'ouvrage.