Présentation des ouvrages charitables des XVIIe et XVIIIe siècles, qui permettaient, en l'absence de personnel de santé, de fabriquer les premiers médicaments. Les personnes charitables devaient apprendre à préparer elles-mêmes les potions destinées aux plus pauvres. Ces livres ont été conçus et écrits pour les y aider. ©Electre 2024

Aux XVII^e et XVIII^e siècles, les ouvrages charitables répondent, à un véritable besoin de santé publique. L'absence de personnel de santé, dans les campagnes, jointe au coût élevé des soins, dans les villes, rendent indispensable l'intervention de personnes charitables, ecclésiastiques ou dames bénévoles, dans la gestion des soins à apporter aux pauvres malades.

L'accès aux médicaments, en particulier, pose bien des problèmes. Les personnes charitables doivent préparer, elles-mêmes, les remèdes destinés aux pauvres. Si la bonne volonté ne leur manque pas, elles n'ont pas reçu de formation en rapport avec cette activité.

Le caractère ambigu des médicaments, à la fois précieux agents de traitement des maladies et redoutables poisons potentiels, rend périlleuse la préparation de remèdes par des personnes non qualifiées.

Il est donc important de fournir à ces auxiliaires bénévoles une documentation aisément accessible, mais rigoureuse, afin de leur apporter une certaine formation, de les guider dans la réalisation des remèdes et de leur permettre d'exercer leur activité caritative dans des conditions de sécurité acceptables.

Les formules de remèdes proposées aux personnes charitables, doivent être faciles à exécuter et constituées de drogues simples, peu coûteuses et aisées à se procurer. De plus, la satisfaction de toutes ces exigences ne doit pas être obtenue aux dépens de l'efficacité. En outre, ces manuels ne doivent, pas s'avérer, à l'usage, trop encombrants, ni trop coûteux.

La lecture critique de ces ouvrages apporte de précieuses informations sur l'état sanitaire des populations, ainsi que sur les mentalités concernant la maladie et les moyens de la combattre. Elle éclaire d'un jour particulier le rôle caritatif des ecclésiastiques et des dames charitables. Le lecteur aura ainsi l'occasion de croiser la formation des personnels de santé, les théories médicales, les controverses scientifiques, la législation des médicaments, la lutte contre les épidémies ou les relations complexes entre médecins, chirurgiens et apothicaires. C'est tout un panorama de la vie sociale et de la santé publique qui va se révéler.