Patrice Lessard sait raconter. Dans L'enterrement de la sardine, il raconte plus d'une histoire. Celle de Sebastián qui, fuyant de petits truands madrilènes, s'est réfugié à Lisbonne. Celle de Patrice aussi qui séjourne dans la Ville blanche avec Clara et Nicolas, tandis qu'il écrit un roman racontant la vie de Sebastián. Et puis, celle de Gil le détective, que l'auteur a lancé à la recherche d'une femme dont il ignore tout. D'une main très habile, Lessard nous promène ici dans un labyrinthe où les chemins les plus opposés finissent par se croiser et où, les unes après les autres, les certitudes sont déjouées. Après Le sermon aux poissons et Nina, Patrice Lessard vient clore sa trilogie lisboète avec L'enterrement de la sardine. À noter pour le lecteur qui aura lu ses précédents livres ou qui souhaitera les lire après avoir lu celui-ci : s'il peut ressentir quelquefois l'impression que certaines scènes se recoupent et se superposent, comme en transparence, l'auteur tient à dire qu'il s'agit d'un hasard fortuit et que ses romans sont entièrement indépendants... ©Electre 2024

« Je me souviens que je ne portais même plus attention à Clara et Nicolas... dans les eaux troubles de l'aquarium, des ombres passaient, furtives... l'impression d'être entouré d'énormes bêtes marines dont jamais je n'eusse cru l'existence possible sans les voir de mes propres yeux... monstres fabuleux sortis des profondeurs abyssales... j'étais paralysé... devant moi... des poissons tout tordus, nageant la bouche ouverte, des dents énormes, le regard... pétrifié, ou qui me pétrifia, peut-être m'évanouis-je, je ne sais plus, probablement pas puisque personne ne vint à mon secours. Je me souviens qu'au point culminant de cette crise... à travers le verre, l'eau, je crus voir les formes brouillées de Clara et Nicolas, crus voir Nicolas toucher subrepticement la main de Clara, lui caresser le bras tandis que passait devant eux un coelacanthe, peut-être se regardèrent-ils tendrement, je ne sais pas, en fait, je ne pourrais jurer de rien, je n'étais alors que l'ombre de moi-même... »