Un coup de coeur de Emilie S.
L'emballage soigné qui convient à toute start-up qui se respecte (open space dans un loft si possible, mobilier au design suédois ou vintage, machine à café grain, fruits à volonté...) cache une réalité d'employés précaires doublée d'une hypocrisie sociale patente. En effet, s'il est de bon ton de se sourire à tout va (comme le stipule le manuel d'emploi du nouvel arrivant), il est également plus que bien vu de partager sa vie professionnelle et personnelle sur les réseaux sociaux. Le livre pose ainsi la question des limites entre vie privée et vie professionnelle.
À cette question s’ajoute celle du sens d’un travail se réduisant souvent à des tâches liées au Web. Il faut adopter un langage spécifique à des moteurs de recherche afin d'adapter le produit à un monde virtuel dans lequel la start-up doit pouvoir se fondre le mieux possible. Où est la place de la créativité ?
La description de l’alliance d’un management du vide et sa novlangue finit de nous convaincre (ou de nous achever) de l’absurdité de ce modèle.
Au-delà du témoignage drolatique, l'essai de Mathilde Ramadier possède la force de nous faire réfléchir sur le sens du travail aujourd'hui (et son organisation).
On sourit. On rit. Mais jaune.