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Europe, n° 1061-1062. Tristan Tzara

Un coup de coeur de Jérémy Gadras

Fondée en 1923 par l’écrivain Romain Rolland, Europe est aujourd’hui moins une revue qu’une encyclopédie des arts et des artistes, cultivant l’approche analytique et la recherche interdisciplinaire pour présenter de singulières pensées, de fluctuantes personnalités ayant chacune œuvré, modestement ou manifestement, pour l’innovation et l’évolution des arts.

Fondée en 1923 par l’écrivain Romain Rolland, Europe est aujourd’hui moins une revue qu’une encyclopédie des arts et des artistes, cultivant l’approche analytique et la recherche interdisciplinaire pour présenter de singulières pensées, de fluctuantes personnalités ayant chacune œuvré, modestement ou manifestement, pour l’innovation et l’évolution des arts. Esthétique, histoire de l’art, philosophie de l’art, littérature, poésie ou arts plastiques, chaque numéro se consacre à l’un des multiples aspects d’une figure artistique (Italo Calvino, Huysman, Artaud, Derrida, Virgil, Pierre-Albert Birot)  lorsqu’il n’épluche pas un thème général, un sujet de nature insolite et complexe (Littérature de Bretagne ; Poésie coréenne ; le Théâtre ailleurs ; le Formalisme russe, ou encore Ecrire l’architecture ; Sport et littérature). 

Pour son dernier numéro de septembre/octobre 2017, Europe nous convie à redécouvrir deux monstres de l’avant-garde du début XXe, tous deux littérateurs-artistes, écumant toute matière, tout manière pour œuvrer dans la création d’un langage artistique sans précédent, lavé de toutes conventions, de tout consensus. En lien avec la soirée commémorative du 23 septembre 2017 à la Maison de la Poésie (Paris) dédiée au centenaire de la revue DADA, c’est à Tristan Tzara et son ami Kurt Schwitters qu’elle rend hommage, partant d’un simple constat (par Henri Béhar), « …comme tant d’autres poètes, trop connus, donc méconnus ? ».  Une seule solution pour rompre avec se fâcheux aveu : revenir sur les dernières recherches et dernières connaissances que nous avons de ces deux auteurs, de ces deux artistes, afin non pas de ressusciter deux patronymes quasi oubliés, mais au contraire saisir l’héritage qu’ils ont cédé aux nouvelles générations. Comprendre qu’elle fut leur vie, leur démarche, leur discours au sein de la culture artistique de leur époque, afin de mieux appréhender un après-dada, un dada sans cesse réactualisé, encore aujourd’hui. Une très louable sélection, donc ! Deux artistes ayant « contribué à déniaiser les notions d’art, à en dévoiler la mystification », de « ceux qui ont décapité de sa majuscule auréolée le mot art » (Tristan Tzara parlant de Kurt Scwhitters)

Suivant sa politique éditoriale, la pertinence et les qualités de ses analyses, Europe convoque plusieurs spécialistes de Dada, plusieurs éminents chercheurs en littératures et en arts de XXe siècle. Au sommaire, autant de chapitres qui piquent la curiosité du lecteur alouvi d’avant-garde, de personnalités marginales, de créations foutraques, anticonformistes, ou tout simplement d’auteurs étonnants, indispensables et nonpareils. Les confrontant souvent entre-elles l’on traverse les champs de la connaissance pour saisir la multiplicité des formes artistiques qu’elles empruntèrent pour dépeindre ou  répondre aux tourments et beautés de leur temps.

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Résumé

Deux séries de contributions consacrées au poète franco-roumain Tristan Tzara et au peintre, sculpteur et poète allemand Kurt Schwitters, deux figures emblématiques du dadaïsme. ©Electre 2024

Tristan Tzara est-il, comme tant d'autres poètes, trop connu, donc méconnu, Une partie de son activité créatrice, la plus juvénile, semble avoir étouffé la suite, comme si quatre ou cinq années d'agitation intense, au centre de Dada, avaient effacé une production poétique continue et soutenue durant quarante années encore. Mais sait-on ce qu'était réellement son activité poétique au service de Dada, en dehors de la gesticulation des uns et des autres ? A-t-on vraiment lu Dada ? Le public ne préfère-t-il pas trop souvent s'en remettre à l'anecdote, aux faits divers qui remplissent la chronique Dada ? Et de discuter, à perte de vue, sur le sens philosophique qu'il faudrait attribuer à la geste dadaïste. Pour certains, Dada étant purement nihilisme, il ne peut être question de donner un sens positif à ce qui se veut destruction totale. Or, de son côté, Tzara s'est très tôt efforcé de montrer que toute destruction débouchait sur la création, comme le proclamait naguère le Père Ubu : « Cornegidouille ! nous n'aurons point tout démoli si nous ne démolissons même les ruines ! » Il importe aujourd'hui de considérer ce poète dans la continuité de son aventure et de lire son oeuvre pour ce qu'elle est, et non pour ce qu'elle est supposée illustrer. À l'écoute de « cette voix qui eut le génie de faire des mots de tous les jours les mots de toutes les nuits », comme le disait Aragon, se révèle alors un vaste chant portant témoignage de l'humanité.

L'oeuvre de Kurt Schwitters est à la fois multiforme et fascinante. Elle comporte des sculptures, des peintures abstraites, des collages et assemblages, des constructions dans l'espace (Merzbauten), des peintures de portraits et de paysages, des poèmes lyriques, des poèmes concrets et visuels, des poèmes sonores, des contes, des récits, des pièces de théâtre, des textes critiques et des manifestes, sans oublier le design graphique et la revue Merz... Comme l'observait Tristan Tzara : « Il est difficile, en parlant de Schwitters, de séparer en tranches bien délimitées ce que fut son activité littéraire de son activité picturale, son activité de sculpteur de celle d'agitateur. Une personnalité aussi entière que celle de Schwitters se refuse à se laisser contenir dans le moule des formules définies. » Et il ajoutait : « Schwitters est une de ces individualités qui par sa structure intime a toujours été naturellement dada. Il l'aurait été même si ce cri de ralliement n'avait pas retenti en 1916... Il est de ceux qui ont décapité de sa majuscule auréolée le mot "art" et qui l'ont remis au niveau des manifestations humaines. » En 1937, Schwitters quitta l'Allemagne et s'exila d'abord en Norvège, puis lorsque ce pays fut envahi par les nazis en 1940, il se réfugia en Angleterre. Alors que ces années d'exil sont plutôt mal connues en France, ce cahier d'Europe offre l'intérêt d'apporter de précieux éclairages sur les pratiques plastiques et poétiques de Schwitters pendant cette période, tout en embrassant l'esprit d'une oeuvre qui demeure essentielle selon une approche européenne de l'histoire des arts.

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Fiche Technique

Paru le : 31/08/2017

Thématique : Essais et théories - Dictionnaire Revues littéraires

Auteur(s) : Non précisé.

Éditeur(s) : Europe

Collection(s) : Non précisé.

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-35150-089-7

EAN13 : 9782351500897

Reliure : Broché

Pages : 379

Hauteur: 21.0 cm / Largeur 13.0 cm


Épaisseur: 2.0 cm

Poids: 428 g