Dans un théâtre de la rue des ammonites, lieu en perpétuelle transformation, travaille une troupe de comédiens qui subissent d'infinies métamorphoses grâce aux différents rôles qu'ils interprètent. ©Electre 2024

Alors, collez votre oreille à la roche et écoutez, osez un oeil dans les interstices et regardez. Vous vous apercevrez que ça s'affaire, que ça murmure. Mais quoi ? Et maintenant que vous croyez déceler une vie derrière la porte, voilà que la clé est dans votre main.

Vous êtes dedans, vous voulez sortir pour rattraper le temps perdu. Et c'est pourtant ici que commence la véritable épreuve, celle de la lecture qui est un choix - abandonner l'idée de rechercher le temps perdu. Pourquoi ?

Le temps, il y en a partout autour de nous [...] : nous sommes dans une barque qui tournoie, au centre d'un étang circulaire. Il ne tient qu'à nous de jeter notre ligne où bon nous semble : devant ou derrière nous. Cessons de faire machine arrière, et allons de l'avant !

Tirez d'une main le rideau et, de l'autre, ouvrez le livre.

Remontez le cours du temps,
Feuilletez à rebours le livre de vos vies.
La dernière fois que vous êtes morte,
J'aimerais savoir : c'était comment ?

Il est possible d'aller dans le passé : mentalement, émotionnellement et psychiquement. Hier ou jusqu'à la naissance - ou dans d'autres vies. Les lieux de ces souvenirs sont probablement fossilisés au coeur de l'hippocampe - la corne d'Ammon.

Comment les ouvrir ?

En cheminant dans la spirale où s'engloutit le temps - une pure navigation spatiale de la mémoire. Un jeu de l'oie. Une ammonite tirée de la terre. Un labyrinthe en mouvement perpétuel autour de lui-même. Lieu des images du temps renversé, il faut entrer en jeu dans ce lit de la magie, rivière desséchée, où se tire un mot qui en attire un autre, et ainsi va l'imagination martelant le sable des rêves de ses souvenirs arborescents qui défient la hache et tombent feuille sur feuille le temps du livre.

Et vous, vous rêvez d'entrer parce que vous vous croyez dehors, bien que vous soyez peut-être déjà dedans :

On rêve d'entrer mais tout est clos comme une porte condamnée [...]. On rêve d'entrer, mais tout est plein comme un monument funéraire [...]. On rêve d'entrer, parce qu'on croit que la vie est là derrière - derrière la porte, derrière le mur, dans cet espace enclos, protégé, dont l'accès nous est défendu, dont nous n'aurons jamais la clé...

Alors ?