1914. La guerre sonne le départ du fils des Rossillon et l'impossibilité pour cette famille de paysans de nourrir les trois bouches restantes. Louise, 16 ans, quitte la campagne pour être placée comme bonne chez un couple de bourgeois, propriétaires d'une entreprise prospère. Lorsque leur fils, Philippe, rentre du front d'Orient, elle s'éprend de lui au premier regard. ©Electre 2024

La guerre de 14 sonne le départ du fils Rossillon et l'impossibilité pour cette famille de paysans de nourrir les trois bouches restantes. À seize ans, Louise quitte donc la campagne pour être placée comme bonne chez des bourgeois, propriétaires d'une entreprise prospère. Malgré la froideur et l'exigence de sa patronne, Louise est éblouie par le quartier-village où elle vit, une véritable ruche. Et lorsque rentre du front d'Orient le fils et forte tête de la famille Chanaz, Philippe, elle s'éprend au premier regard. Au risque de perdre sa place...

- Quand je te vois comme ça... toute contente... ça me fait plaisir. C'est moi qui te remercie. Tu ne peux pas savoir le bien que cela me fait de côtoyer quelqu'un d'heureux !

Au rez-de-chaussée, Louise surveillait la cuisson de langues-de-chat, accessoires de la répétition générale. Sa patronne n'avait pas souhaité allumer le fourneau du premier pour quelques biscuits. Elle ouvrit la porte du four. Les petits gâteaux avaient pris la teinte dorée souhaitée. Armée d'un torchon, elle retira la plaque. La porte de l'allée s'ouvrit mais personne n'entra. Elle se retourna. Un grand jeune homme en habit militaire l'observait en souriant. Dans l'instant, elle sut qu'il s'agissait de Philippe Chanaz et son coeur chavira. Il était très grand, mince et carré d'épaules. Il ressemblait à Luc de façon frappante, toutefois son visage dégageait plus de douceur. Il avait les mêmes pommettes hautes mais sa mâchoire était moins anguleuse. Ses yeux verts étaient piquetés de taches rousses qui réchauffaient son regard. Ses lèvres étaient mieux ourlées. Il avait le teint hâlé et des mèches blondes dans les cheveux. Elle pensa : « Un prince slave ! » C'était stupide, elle n'avait jamais vu de prince slave mais c'est ainsi qu'elle les imaginait.