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La lutte yanomami


Un coup de coeur de Anne S

La Fondation Cartier pour l’art contemporain consacre une exposition à la photographe et militante brésilienne Claudia Andujar, du 30 janvier au 10 mai 2020. Après une enfance en Transylvanie qu’elle fuit lors de la Seconde Guerre Mondiale, Claudia Andujar rejoint la Suisse neutre et fuit l’Europe à la fin de la guerre. En 1955, elle s’installe au Brésil et débute une carrière de photographe. C’est durant un reportage qu'elle effectue sur l’Amazonie pour le magazine Realidade, qu'elle rentre en contact pour la première fois avec une tribu Yanomami.

Les Yanomamis constituent le plus grand peuple vivant dans la forêt tropicale profonde et les montagnes situées au nord du Brésil et au sud du Venezuela, habitant le plus vaste territoire autochtone forestier du monde. Les Yanomamis firent l’expérience d’un premier contact dans les années 1940 lorsque le gouvernement brésilien envoya des équipes pour délimiter la frontière avec le Venezuela. A l’heure actuel, ils seraient environ 32 000 individus répartis en 188 villages et maisons collectives sur un territoire avoisinant plus de 240 000 km² au cœur de la forêt humide. A cette époque de nombreuses tribus n'avaient jamais été en contact avec des civilisations extérieures. Très rapidement, Claudia Andujar focalise son travail sur leur moeurs, leur croyances et leurs rites.

Fin des années 70, l’ouverture d’une route transamazonienne par le gouvernement brésilien met en péril l’avenir de ce peuple. Claudia Andujar prend conscience d’assister à un génocide faisant écho à son passé. Dès lors elle s’engage totalement dans la défense de leurs droits et de la protection de la forêt amazonienne. Reléguant son travail artistique en second plan elle devient activiste et fonde en 1978 la Commissao Pro-Yanomami (CCPY) avec le missionnaire Carlo Zacquini et l’anthropologue Bruce Albert et se lance dans une campagne pour la protection et la délimitation du territoire Yanomami contre la prédation de la civilisation occidentale et ses tragiques conséquences sur leur mode de vie millénaire. En 1980, l’afflux illégal d’orpailleurs dans cette région a entraîné une épidémie massive de paludisme et une pollution au mercure des sols, décimant 20% de la population Yanomami dont environ 13% de celle vivant sur le sol Brésilien. En 1989, le gouvernement brésilien signe un décret pour démembrer le territoire en un archipel de 19 micro-réserves. C’est à cette occasion que Claudia Andujar créé son manifeste audiovisuelle intitulé “Genocide of the Yanomami: Death of Brazil “(1989-2018). En 1992, après 15 ans de campagne de la CCPY et de lutte au côté de Davi Kopenawa chaman et porte-parole des Yanomamis, le gouvernement brésilien reconnaît légalement le territoire Yanomami. Il cadastre une zone de 96 000 km² de forêt protégée, sans toutefois le leur reconnaître comme territoire Yanomami.
Claudia Andujar a, durant ces cinquante dernières années, voué son art à la lutte Yanomami. Elle a obtenu en 2000 le Lannan Cultural Freedom Prize, pour son travail de représentation et soutien au peuple Yanomami. En 2018, elle reçoit la Médaille Goethe pour son travail novateur avec ce peuple. Durant la remise de ce prix, Stephen Corry, directeur de Survival International, récompense son engagement mais également “l’héritage unique pour l’Humanité que son travail nous transmet, à nous et pour les générations à venir”.

Cette rétrospective permet de dévoiler l’importance de son travail, tant dans sa portée de mise en accusation politique des abus dont les Yanomamis sont victimes, que sur l’importance de sa recherche photographique dès ces débuts en travaillant sur une esthétique diamétralement opposée au style documentaire du photo-journalisme - notamment avec l’utilisation de filtres et bien d’autres techniques pour faire transparaître et traduire ce qu’elle perçoit de l’expérience chamanique Yanomami.  

L’exposition, conçue à partir de plusieurs années de recherches au sein de ses archives personnelles, présente plus de 300 photographies dont un grand nombres d’inédits, son manifeste audio-visuelle dans une nouvelle version réalisée à cette occasion, accompagnée des dessins réalisés par des artistes Yanomamis ainsi que des documents historiques.

Le catalogue de l’exposition est constitué de photographies de Claudia Andujar ainsi que d'extraits de ses carnets, de textes de la commissaire de l’exposition Thyago Nogueira et de l’anthropologue Bruce Albert, de cartes du territoire Yanomami et d'une chronologie documentant l’engagement de l’artiste et l’histoire de ce peuple. Le catalogue est en lice pour le prix Paris Photo-Aperture du catalogue photographique de l’année.

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Résumé

Catalogue sur l'exposition personnelle de C. Andujar, considérée comme l'une des plus talentueuses photographes brésiliennes. Par son engagement et par son oeuvre, elle a joué un grand rôle pour la reconnaissance et la protection des Indiens Yanomami qui tentent de préserver leur mode de vie et leurs traditions chamaniques au coeur de la forêt amazonienne. ©Electre 2024

« Claudia Andujar est venue au Brésil, elle est passée par São Paulo, puis par Brasília et Boa Vista avant de parvenir jusqu'à la terre Yanomami. Elle est alors arrivée à la mission Catrimani. Elle a pensé à son projet, à ce qu'elle ferait, à ce qu'elle planterait. Comme on plante des bananiers, comme on plante des anacardiers. Elle portait les vêtements des Indiens, pour se lier d'amitié. Elle n'est pas Yanomami, mais c'est une véritable amie. Elle a pris des photographies des accouchements, des femmes, des enfants. Puis elle m'a appris à lutter, à défendre mon peuple, ma terre, ma langue, les coutumes, les fêtes, les danses, les chants et le chamanisme. Elle a été comme une mère pour moi, elle m'a expliqué les choses. Je ne savais pas lutter contre les politiciens, contre les non amérindiens. C'est bien qu'elle m'ait donné un arc et une flèche non pas pour tuer des Blancs, mais l'arc et la flèche de la parole, de ma bouche et de ma voix pour défendre mon peuple Yanomami. Il est très important que vous regardiez son travail. Il y a beaucoup de photographies, beaucoup d'images de Yanomami qui sont morts, mais ces photographies sont importantes afin que vous connaissiez et respectiez mon peuple. Celui qui ne le connaît pas connaîtra ces images. Mon peuple est là, vous ne lui avez jamais rendu visite, mais l'image des Yanomami est ici. C'est important pour vous et pour moi, pour vos fils et vos filles, pour les jeunes, les enfants, pour apprendre à regarder et à respecter mon peuple Yanomami brésilien qui habite sur cette terre depuis si longtemps. »
Davi Kopenawa Yanomami

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Fiche Technique

Paru le : 31/01/2020

Thématique : Ecrits sur la photographie

Auteur(s) : Non précisé.

Éditeur(s) : Fondation Cartier pour l'art contemporain

Collection(s) : Non précisé.

Contributeur(s) : Auteur : Thyago Nogueira - Auteur (photographe) : Claudia Andujar

Série(s) : Non précisé.

ISBN : 978-2-86925-153-3

EAN13 : 9782869251533

Reliure : Broché

Pages : 303

Hauteur: 31.0 cm / Largeur 24.0 cm


Épaisseur: 2.6 cm

Poids: 1494 g