Une exploration de l'expérience migratoire à travers les siècles, dans une perspective transdisciplinaire, transpériodique et comparatiste. S'intéressant à l'espace relationnel des migrants, les contributeurs étudient comment cet état de déplacement, d'entre-deux transitoire, est vécu par les individus concernés, élaborant ainsi une anthropologie du mouvement. ©Electre 2025

L'expérience de la mobilité de l'Antiquité à nos jours, entre précarité et confiance

La mobilité humaine s'inscrit dans l'espace, mais aussi dans le temps. Et dans le temps long : c'est un processus, un parcours, le plus souvent discontinu, fait d'une série d'évènements, au cours desquels les individus se désocialisent, se resocialisent, et se transforment. C'est ce vécu et sa réalité multidimensionnelle et imprévisible que nous proposons de prendre en compte ici, pour saisir l'expérience migratoire dans le moment même du déplacement. Le champ de l'enquête est donc celui de l'entre-deux, statutaire, topographique, social ou idéel : c'est d'abord l'espace-temps du mouvement où tout peut arriver, où les repères sont en quelque sorte suspendus, où l'horizon se trouve indéfiniment reporté ; c'est aussi l'espace relationnel, fait de méfiance ou de confiance, qui se crée entre les migrants et ceux qu'ils rencontrent. Sur les chemins ou au seuil d'un lieu inconnu, dans tous les cas, l'incertitude, qui pour certains est propice aux aventures, devient source de précarité. Ce livre constitue le premier volet d'une petite anthropologie du mouvement, qui se veut à la fois transdisciplinaire, transpériodique, et résolument comparatiste.

Human mobility has to do with space, but also with time and duration : it is a process, most often discontinuous, made of a series of events, during which individuals de-socialize, re-socialize, and transform themselves. It is this experience and its multidimensional and unpredictable reality that we propose to take into account here, in order to grasp the migratory experience in the very moment of displacement. The field of investigation is therefore that of the in-between situations, whether statutory, topographical, social or ideal : it is first of all the space-time of movement where anything can happen, where references are in a way suspended, where the horizon is indefinitely postponed ; it is also the relational space, made up of mistrust or trust, which is created between migrants and those they meet. On the roads or at the threshold of an unknown place, in all cases, uncertainty, which for some is conducive to adventure, becomes a source of precariousness. This book constitutes the first part of a small anthropology of movement, which is intended to be transdisciplinary, transperiodic, absolutely comparative.